Sitcom par Nicolas Montagne
Premier long d'un ancien de la FEMIS devenu aujourd'hui une référence dans le paysage cinématographique français, Sitcom est un film fait pour choquer. Ainsi, Ozon porte bien son pseudo et n'hésite pas à enchaîner les scènes chocs (dont "il" se vante sur l'affiche): de la zoophilie à la partouze suggérée en passant par l'inceste et le parricide, rien n'est épargné au spectateur qui, a priori, est tout de même venu pour ça!
A l'opposé d'un Desplechin ou d'un film avec Devos,Ozon propose un cinéma underground à la France et manque de peu le qualificatif de John Waters français. Pourtant, les points communs entre les deux cinéastes ne manquent pas: fascination pour les différentes sexualités, pour les déviances en tous genres, pour les beaux éphèbes. Mais un point les distingue: Ozon, sous ses airs d'entertainer et de provocateur, est avant tout un cinéaste exigeant,doué pour la mise en scène et avec un réel intérêt pour la psychanalyse, ce qu'il montre bien dans ce premier film. Ainsi, le père, qualifié à plusieurs reprises de rat, est perçu à la fin comme tel par les membres de la famille, et chacun se rend compte que la seule manière de percevoir les choses est de tuer ce père, comme le préconisait Freud en son temps.
Doté d'un casting des plus séduisants: du fragile Stéphane Rideau à la trash Marina de Van (grande copine d'Ozon), Sitcom est néanmoins un film qui ne plaira pas à tous. Pour les fans de la dernière heure, il est peut-être préférable d'en rester à Sous le Sable ou encore 8 femmes, pour un cinéma beaucoup moins provocant. Mais si vous n'êtes pas offusqués d'entendre des insanités ou de voir quelques paires de seins et des hommes qui se touchent la poitrine avec délice, ce film est peut-être fait pour vous!