La musique est lourde et langoureuse, comme si elle venait illustrer une de ces antiques séries transalpines à l'eau de rose. Alors que la caméra se faufile avec élégance entre les mannequins, qu'ils soient habillés de couleurs vives ou d'osier blanc. Pour s'arrêter devant chaque protagoniste immobile de ce scénario retors.
Ce générique donne le ton, ainsi que la feuille de route suivie par Mario Bava.
Il suivra ses personnages chargés de tous les travers et petites faiblesses d'une humanité comme ramassée sur elle-même, où chacun semble avoir quelque chose à cacher ou être compromis. Allant jusqu'à en réduire certains à un objet clé : que ce soit un sac, un journal intime ou encore un carnet. Le milieu de la mode utilisé comme arrière plan à l'intrigue sert évidemment le propos du réalisateur et de son approche un monde d'apparences, de clinquant et de vernis brillant cachant la déliquescence et le pourrissement. Il inscrit donc ses acteurs dans une sorte de ronde mortifère au centre de laquelle évolue l'assassin typique du giallo : sauvage, sans visage, ganté, habillé d'un imper noir qui semble le faire disparaître un peu plus encore dans l'ombre où il se terre.
Il livrera nombre d'images sophistiquées, élégantes et hautement symboliques, comme les anges d'un jardin, semblant figés dans un cri tourné vers le ciel, alors qu'à leurs pieds, une première vie vient d'être enlevée. Son excellent scénario en sera constellé, tandis que le meurtrier entraîne chacune de ses victimes dans un superbe pas de deux, baigné entre le ténèbres et la projection de lumières extrêmement vives et chatoyantes, habillant avec flamboyance les corps qui se débattent avant de, lentement, être gagnés par une inertie éternelle.
Une telle approche graphique surréaliste infuse littéralement ce qui semble ressortir du fantasme. Ainsi que la tension ressentie directement par le spectateur, Six Femmes pour l'Assassin ne s'encombrant pas de personnages à même de porter son regard. Tout en donnant libre cours à une ritualisation ambigue, à un fétichisme attirant et haut en couleurs, à une érotisation discrète.
Mario Bava se montre d'une maîtrise et d'une gourmandise totale en livrant un divertissement classique en forme de thriller implacable. Genre dont il transcende la forme pour chambouler les sensations de son spectateur dérouté, troublé, et envoûté par un charme entêtant au goût de cinéma fantastique, dans tous les sens du terme.
Behind_the_Mask, super Mario.