Après le très moyen et incompréhensible Quantum of Solace, James Bond devait revenir sur le devant de la scène pour remontrer tout son potentiel. Après 22 films et 50 ans de cinéma, Bond peut-il encore émerveiller comme il le fait depuis si longtemps ? On dit que devant un James Bond on se sent comme un gosse, que quand retentissent les notes du thème on se sent euphorique.... est-ce encore le cas aujourd'hui ?
Avec Sam Mendes aux commandes, l'extraordinaire Javier Bardem en méchant, et le Bond brutal et réaliste de Craig, j'y croyais fortement. L'attente fut longue, les attentes plus grandes, et le risque de déception de plus en plus grand.
Mais Skyfall m'a offert tout ce que j'attendais.
Du début à la fin on est pris par l'intensité, l'ambiance, le rythme de cet épisode.
A chaque acteur, le mythe James Bond est revisité avec un style différent. J'adorais le style Brosnan. Son Bond était classe, enchaînait les scènes d'actions impossibles avec brio, et c'était cela qui lui donnait sa classe. Exagéré, n'ayant peur de rien, c'est une part de la personnalité de notre héros.
Avec Skyfall, on comprend à quel point on est à dix-mille lieues de cela. Chacune des scènes d'actions brillent par leur intensité. Bond y apparaît fatigué, luttant contre son propre corps pour lutter contre les ennemis. Pour la première fois on craint réellement pour la vie des protagonistes, on a peur que l'un ou l'autre ne meurt. Bond est obligé de rivaliser avec le réalisme pour se sortir des situations. Si Brosnan n'avait qu'à faire le fou et être classe pour se sortir des situations périlleuses, Craig doit prendre son temps, trouver des stratégies pour éviter les balles adverses qui le blessent réellement... le tout en tuant avec la classe Jamesbondienne.
Cette intensité se ressent dans tout le film. Le suspense se ressent plus que jamais.
La réalisation de Sam Mendes n'y est pas pour rien. Le réalisateur tranche avec la réalisation épileptique de QoS en offrant au spectateurs de nombreux plans contemplatifs, nous immergeant dans une ambiance sombre et brutale. Les plans contemplatifs sont magnifiques. Les villes sont filmées pour ressortir gracieuses. Les jeux de lumière dans les scènes d'actions font ressentir quelque chose d'inédit dans un James Bond.
En plus d'être devant un bon James Bond, on comprend que l'on est face à un bon film. Un très bon film même.
Ce très bon film se comprend notamment par sa gestion implacable du rythme, par sa construction scénaristique palpitante (qui pourra toutefois décevoir ceux qui s'attendent à un twist final exceptionnel), par la profondeur de ses personnages. Bond n'enchaine pas les rencontres inutiles comme il en a pourtant l'habitude, ici les personnages rencontrés le suivent tout au long de l'habitude, et on comprend qu'on sera encore ramené à les revoir. La James Bond girl du film c'est véritablement M, qui gagne toute sa profondeur dans cet épisode. Certains diront que Bond a gagné un passé cliché dans ce volet, mais il faudra leur rappeler que les évènements mentionnés sont connus depuis longtemps dans les livres (et peut-être même les premiers films, peut-être, je ne sais plus).
Mais Skyfall est un épisode un peu à part, à l'instar peut-être de Permis de tuer. Ici, il n'est pas question de sauver le monde. Bond se bat pour ce qui lui tient à coeur. Pour protéger tout ce qui a fait sa vie.
Mais ce n'est pas pour autant qu'il s'intégrera mal à la série.
Certaines scènes et certains plans resteront à jamais culte dans la série. Son méchant, parmi les plus éblouissants contre lesquels Bond a été amené à se battre, marquera l'ensemble de la saga. Son générique magnifique ne prendra pas une ride avec le temps. Et plus encore, il prouvera que Craig est un excellent James Bond.
Une véritable réussite.