Après une légère absence qui a failli s'éterniser, le célèbre agent secret revient, toujours interprété par le fantastique Daniel Craig et toujours accompagné de dame Judi Dench et du nouveau venu dans l'épisode précédent Rory Keanner. Cependant, Skyfall tranche radicalement avec le reste de la série et va redéfinir les bases de la saga... Derrière la caméra, Sam Mendes, qui arrive à filmer avec grâce et efficacité des scènes d'action hollywoodiennes tout en proposant des plans majestueux, transcendant l'image avec un réel soin de la photographie.
En gros, Mendes sait filmer. Il nous entraîne par ailleurs dans une aventure exaltante sans gadgets, sans pays exotiques, quasiment sans James Bond girls et sans gros méchant mégalo. Ici, la vraie Bond girl, c'est M, le boss de 007 qui va être au centre de l'intrigue, cible d'une revanche personnelle orchestrée par un ennemi au passé finalement très proche du MI-6 : le très efféminé et particulièrement ambigu Silva, l'un des bad guys les plus terrifiants que l'on ait pu voir à ce jour, campé par l'incroyable Javier Bardem.
Nous découvrons également au casting l'excellent Ralph Fiennes, les inattendues Naomie Harris et surtout Bérénice Marlohe, qui fait clairement ses débuts au cinéma avec une certaine aisance, ainsi que l'arrivée de Q, le spécialiste en armement et gadgets, campé par le jeune Ben Whishaw (aussi délectable que feu Desmond Llewelyn). Pour le reste, nous suivons notre agent secret dans une aventure explosive, rocambolesque, mouvementée et surtout dramatique où les rebondissements sont légion, notamment à travers un final inattendu, déconcertant et rassurant à la fois, une prouesse osée dans l'univers de la saga.
Ainsi, en nous livrant des éléments clés de la franchise sans les parodier, Sam Mendes réussit à capter l'essence de James Bond et à la retranscrire avec une grâce impressionnante. Une mise en abîme épatante traitant principalement de la psychologie fouillée des personnages à laquelle viennent naturellement s'ajouter des séquences d'action exaltantes à l'image de l'époustouflante scène d'introduction (suivie de près par l'un des plus sublimes génériques), le combat rapproché en ombres chinoises filmé en plan-séquence ou encore le long final en Écosse, dans un lieu familier de l'agent anglais, lieu qui va servir à un assaut final de toute beauté.
En somme, avec Skyfall, les fans de Bond seront forcément aux anges, tandis que les nouveaux venus découvriront une fois de plus le nouveau Bond, celui qui est totalement ancré dans notre réalité, un Bond ravagé, humain, qui n'a pas besoin de gadgets pour remplir une mission. Bravo M. Mendes pour avoir compris la saga et merci pour ce grand moment de cinéma.