Autant le dire tout de suite, la meilleure idée qu'on eu les producteurs de la saga 007 a été d'engager Sam Mendes, réalisateur oscarisé (le seul de la saga) et talentueux ("American Beauty", "Les Sentiers de la Perdition" ou encore "Les Noces Rebelles", c'était lui), qui a su pousser encore plus loin le virage amorcé par "Casino Royale" en 2006, et à le métamorphoser en drame shakespearien grandiose et euphorisant.
Ici, peu de place pour l'action sur les 2h23 que dure le film (malgré cela, les quelques scènes d'action sont particulièrement réussies et spectaculaires, et ne souffrent pas d'un montage haché, tel que dans "Quantum of Solace". La scène pré-générique en est le parfait exemple), mais pour les personnages et leur rapport entre eux. Le lien entre 007 et sa supérieure, M, est ici au centre de l'intrigue.
Daniel Craig nous prouve une nouvelle fois qu'il est plus que jamais à l'aise dans le costard de Bond et Judi Dench qu'elle est, une nouvelle fois, une grande actrice. Mais une menace plane, sous la forme d'un Javier Bardem blond et psychotique (sa première rencontre avec Bond vaut son pesant d'or, et nous prouve que Bardem n'est jamais aussi bon que quand il joue les méchants). Le reste du casting n'a pas à rougir : Naomie Harris en agent de terrain, Ben Whishaw en jeune Q ou encore Bérénice Marlohe en femme fatale, et j'en passe.
Roger Deakins (directeur de la photographie attitré des frères Coen) a lui aussi fait un travail splendide sur la lumière du film, donnant une ambiance bien particulière à chaque endroit visité par Bond (Istanbul, Shangaï, Ecosse,...) et en en faisant presque un acteur à part entière du film.
Combinant le spectaculaire au film d'auteur, Sam Mendes nous offre un tout nouveau versant de l'univers Bond, tout en faisant référence aux anciens films (Q, le Walter PPK, l'Aston Martin de "Goldfinger", un très beau générique d'ouverture chanté par Adele, et rappelant par moments Shirley Bassey).
Si cela en déconcertera peut-être certains de ne pas voir le James Bond qu'ils voient d'habitude, ce parti-pris amène un côté plus humain à 007, qui n'est pas qu'une simple machine à tuer, mais bien un être avec des émotions.
À tous ceux qui aiment l'univers Bond, vous ne serez pas déçus et aurez droit en plus de ça à une véritable histoire (et pas uniquement 007 qui doit affronter un nouveau méchant et sauver le monde), et pour ceux qui sont plutôt récalcitrants à cet univers, allez-y quand même, vous risquez d'être surpris.
"Skyfall", un très grand Bond à déguster... au shaker, pas à la cuillère.