Un opus bien plus sombre que les précédents, et c'est en quelque sorte ce genre de film qui m'attire généralement. C'est peut être aussi pour ça que j'aime ce James Bond ! Il s'éloigne avec lucidité des codes du James Bond basique : les James Bond Girls à profusion dont je trouve l'utilisation très machiste, un humour lourd, des scènes d'actions rocambolesques en veux tu en voilà... Là, "Skyfall" est à contre-courant de tout cela, il n'y a quasiment pas de James Bond Girls, pour ainsi aucune même, mais que de "vraies" femmes, ayant des convictions bien plus stables et réalistes. Pour les scènes d'actions elles sont dosées, contrairement à "Quantum of Solace "ou ça partait dans tout les sens, et d'une subtilité dans la mise en scène surprenante ! Comme la scène dans l'immeuble avec les jeux de lumières que j'ai adoré, entre obscurité et "multicolore" c'est du grand art pour un Bond, en plus Sam Mendes ajoute un élément psychologique sur 007, celui ou il tient à bout de bras Patrice (le tueur), ce dernier ayant les pieds sous 300 mètres de vide, et qu'il le lâche, le laissant en proie au doute sur son état physique, qu'on a pu constater avec la scène de l'ascenseur quelques minutes plus tôt. Alors que d'habitude il dégomme tout le monde et dépoussière sont costard, j'aime bien aussi mais ça peut vite lasser quand on ne varie jamais...
Une mise en scène bien plus posée que le précédent Bond, on prend le temps d'approfondir la psychologie de James et ça fait du bien d'être intime avec un tel personnage sans pour autant balancer des explosions toutes les cinq minutes ! On revient à ses origines. Car on entrevoit la fragilité de l'espion, sa barbe prenant une teinte grisonnante pour nous montrer qu'il arrive à un stade où la remise en question de ses capacités physiques prend un tournant, puis l’échec et la décision prise par M d'ouvrir le feu au risque de le toucher l'a affecté, quitte à avoir un dangereux penchant pour l'alcool bien plus prononcé qu'un simple Vodka Martini ! Mais l'attaque du MI6 l'a reboosté dans ses convictions, puis il se rend compte que M est malgré tout comme une mère pour lui, et son instinct protecteur envers elle et sa patrie est inconsciemment plus fort que le reste, c'est sa seule famille.
Et puis cette photographie... cette photographie !! Je crois que je n'ai pas vu de film aussi magnifique esthétiquement parlant depuis bien longtemps. Le choix du directeur de la photographie est très judicieux, car Roger Deakins a aussi travaillé sur "Jarhead", "The Big Lebowski" ou encore "Les Évadés" et tout ça dans le rôle technique de directeur de la photo. C'est appliqué, aussi doux pour nos yeux qu'un bain de soie !
En bref c'est un excellent James Bond avec une photographie furieusement magnifique ! Cette esthétisme de qualité est soutenu par une mise en scène plus sombre et mature que les précédents opus, portant avec sincérité un James Bond mis à nu. Les acteurs sont formidables, même si je n'en est pas parlé en détails, surtout Craig, Javier Bardem et Judi Dench plus sensationnels que jamais.