L'un des tout premiers films de l'insaisissable Richard Linklater. En à peine une centaine de minutes Slacker arbore avec tendresse et malice sa structure narrative en forme de cadavre exquis, montrant avec indolence les vicissitudes de l'Amérique profonde.
Dès la séquence inaugurale Slacker expose et propose sa thèse : Linklater en personne y parle - sur le siège arrière d'un taxi - des réalités parallèles potentielles et infinies, annonçant un récit allant se perdre en conjectures pour un vertige proche du délice. Inégal mais passionnant le concept dudit Slacker entraîne le spectateur dans un exercice de style ludique et redoutablement malin, au gré d'une mise en scène discrète mettant admirablement en valeur un nombre important de personnages, tous essentiellement liés à l'échelle d'une Humanité éparse, aussi bien à l'aise en marge que dans le conformisme.
Éventuelle rencontre des dispositifs de certains films de Jim Jarmusch ( on songe notamment à une oeuvre telle que The Limits of Control ) et aux expérimentations du protéiforme Gus Van Sant ( le caractère vain, quasiment anodin de Slacker annonce la trilogie mortifère de l'auteur de Elephant ) ce long métrage stimulant et intarissable joue de sa proposition avec finesse et subjectivité. J'ai beaucoup aimé.