Slalom aborde un sujet délicat, à une époque où les langues se délient enfin et révèlent des affaires de violences sexuelles à l'encontre de mineur(e)s dans le monde du sport (judo, patinage, tennis, etc). Charlène Favier, sa réalisatrice, a été elle-même une victime durant son adolescence et si elle n'a pas voulu raconter sa propre histoire, elle n'en reste pas moins bien placée pour évoquer les tourments d'une très jeune fille qui subit emprise psychologique et agressions. Slalom est-il pour autant un film "dossier" ? Oui, en grande partie, car le film a clairement un message à passer mais la cinéaste le fait avec toutes les nuances possibles montrant quelles formes revêtent la domination et la dépendance, avec en outre la pression liée à l'entraînement intensif pour le sport de compétition et la découverte de son corps, pour une adolescente. Très centré sur son héroïne, Charlène Favier réussit son portrait psychologique mais échoue en partie à donner vie à son environnement qui, hormis son entraîneur, se réduit à quelques traits de caractères peu approfondis (la mère, ses camarades d'entraînement). Les compétitions en tant que telles sont platement filmées et ne participent que très peu à la dynamique du scénario. C'est le hors piste qui intéresse le plus Charlène Favier et la toxicité des relations d'un entraîneur avec une skieuse en devenir., tourmentée par les mutations de son corps. La mise en scène tire certes avantage du cadre grandiose de la montagne mais elle privilégie les gros plans pour mieux resserrer l'étreinte. Il est vrai que les deux interprètes principaux sont exceptionnels : Noée Abita et Jérémie Renier forment un duo crédible sans aucune faute de carre.