Des premiers films comme ça, c'est vraiment formidable.
Ce film n'a pas un grand budget et pourtant je n'ai jamais vu le ski filmé de cette manière et Charlène Favier montre toute la pertinence de son propos à travers sa mise en scène et la photographie de Yann Maritaut.
C'est un film dur qui nous montre une relation très particulière. On a une ado, Lyz, qui veut devenir championne de ski mais qui est paumée, incroyablement seule et avec une envie de grandir d'une certaine manière de découvrir de nouvelles choses (à 15 ans on a envie de découvrir l'amour, de vivre des choses intenses, de connaître des sensations fortes), et elle est très bien interprétée par Noée Abita qui est crédible en ado de 15 ans. Et tel un lion qui a trouvé sa proie, on a son entraîneur, interprété par Jérémie Rénier, qui rend justice à un rôle fascinant car on est pas dans un traitement bêtement manichéen même si on sait que ce type est fondamentalement horrible, car il a aussi droit à des scènes où il est bienveillant, ce qui est troublant.
Il y a énormément de travail sur les couleurs (le film devient sombre et trouble lorsque l'histoire s'y prête, le rouge est aussi une couleur qui revient souvent) et du cadre, ce qui fait que la montagne est traitée par Charlène Favier comme un personnage à part entière (puisque même dans les scènes d'intérieur on a toujours une fenêtre qui donne sur la montagne).
C'est une belle façon de dénoncer des abus, avec dureté, ne surtout pas être complaisant avec le spectateur et surtout tirer beaucoup d'humanité des personnages, malgré un milieu qui ne s'y prête pas, celui de la compétition sportive.
Slalom est une prouesse et j'ai hâte de voir les prochains films de sa réalisatrice.