Même si les dramas continuent à avoir une belle audience, notamment sur les plateformes de streaming, le cinéma coréen de genre peine depuis quelques années à surprendre et même à se renouveler.
Après son éphémère âge d'or, au début des années des années 2000, et cette étonnante révélation qui lui a permis de crier à la face du monde tout son génie, l'exil des principaux réalisateurs vers des cieux plus hollywoodien, a contribué à une certaine monotonie dans les productions, les nouveaux réalisateurs se contentant d'imiter la fabuleuse inventivité visuelle de leurs ainés sans l'enrichir ni la renouveler. Pour autant, Lorsque Jason Yu, ancien assistant de Bong Joon ho, adoubé par le maitre réalise son premier long métrage, l'objet du méfait vient ardemment titiller notre curiosité et bien plus encore, lorsque l'on découvre très rapidement que le jeune cinéaste a choisi le somnambulisme comme thème/prétexte de son effort.
Soo-Jin et Hyun-Soo (la femme et l'homme dans l'ordre) sont, dans le désordre jeunes coréens, sexy, acteur (lui), enceinte (elle), jalouse (elle toujours), depuis peu leurs nuits sont devenues anormalement agitées même pour un couple de jeunes mariés. Huyn-Soo soufre en effet de troubles du sommeil paradoxal, d'abord légers, puis de plus en profonds au point d'alerter la voisine, et d'inquiéter notablement son épouse, lorsque l'homme se lève pour dévorer cru ou encoquillé tout ce qu'il trouve dans le réfrigérateur,
remplaçant tous les aliments par... le chien qu'elle découvre raide mort et congelé au petit matin.
Partant de ces éléments , la trame cheminera tout au long du fil à la lisière des genres , alternant les scènes angoissantes voire fantastiques, les scènes de couple plus intimistes, et même des séquences de comédie pour n'aborder, (et c'est un peu regrettable) qu'à la fin, la dimension horrifique du film avec quelques scènes très virtuoses durant lesquelles le réalisateur semblent enfin donner la pleine mesure de son talent.
Evidement, même s'il est de bonne facture "Sleep" aurait sans gagné en efficacité, s'il avait exploité un peu en profondeur les matériaux mis à sa disposition,
notamment les thématiques toujours très porteuses du dédoublement de la personnalité, de la possession...