Conte macabre par excellence, Sleepy Hollow reste à mon sens une très grande réussite. L'une des deux plus grandes de son réalisateur.
Déjà, Tim Burton et sa patte gothique réussissent parfaitement bien à rendre l'univers de leur film unique en son genre : du point de vue de ses décors d'époque états-uniens, mais surtout, de celui de ses paysages, ternes et embrumés, à la limite glauques mais à l'évidence inquiétants, parfois poétiques (les deux derniers plans), magnifiques et terrifiants à la fois. Sans oublier sa partie onirique, avec les cauchemars d'Ichabod Crane ni, dans la même veine, les projections de sang et autres baisers de la mort qui feront la sève carmine de ce film sorti d'outre-tombe.
Mais le tableau n'est pas aussi noir qu'il y paraît, puisqu'une certaine dose d'humour émaille la légende du cavalier sans tête grâce, entre autres, à un Johnny Depp cabotin juste comme il faut, interprétant cet inspecteur-inventeur des villes, trouillard, rationnel par désespoir, et aux manières précieuses ; quoique la teinte la plus sombre de cet humour se retrouvera dans certaines répliques bien trouvées.
Les seconds rôles font également la part belle aux extrêmes avec un ange blond délicieusement incarné par Christina Ricci et le cavalier aux dents limées hanté par la folie du grand Christopher Walken.
Beaucoup d'éloges donc, mais pas que, puisque le scénario pose par moments quelques petits soucis, surtout au milieu du film : pas toujours assez clairement énoncé, voire convaincant, celui-ci finit fort heureusement par retomber sur ses quatre pattes avec sa grande scène explicative.
Au final, sa cruauté, puisque personne n'est épargné, et son aspect sanguinolent, nous accompagneront avec suspense et tension jusqu'au régal d'un dénouement jubilatoire (ce qui n'est pas toujours le cas chez Burton).
Un grand classique du cinéma fantastique.