Ah, la Thaïlande ! Ses mœurs légères, ses enfants pour pas cher, ses policiers ultra violents… Tout ce qu’on aime ! Non, sincèrement, le film joue avec les pires clichés du pays, et semble avoir bien du mal à développer un peu de sentiments là dedans. Le film commence directement sous l’angle de l’ultra-violence avec le meurtre sanglant (au couteau) d’un pédophile, qu’on retrouve par la suite rangé dans une valise, coupé en morceaux et violé avec ses propres parties génitales… Si avec ça, vous n’avez pas encore compris que la pédophilie, c’est mal… Un début qui monte un peu trop vite dans la surenchère donc, et tout cela n’est pas prêt de s’arrêter. Puis on nous parachute dans l’intrigue un détenu qui, il y a une dizaine d’années, dit avoir fréquenté un meurtrier susceptible d’être leur homme. Notre détenu est donc relâché le temps de l’enquête, et comme moyen de pression, les policiers surveillent de près Noy, une jeune femme dont Thai (notre détenu) s’est amouraché peu avant son entrée en prison. A partir de cette étape, le film se divise en deux parties distinctes : l’enquête et les meurtres qui se poursuivent d’un côté et un long flash back de l’autre qui raconte l’enfance de Thai et de Nat, le principal suspect dans l’affaire… C’est cette seconde partie qui se révèle la plus ambitieuse (là où la première donne dans le Seven à la sauce Thaï) car elle essaye vraiment de s’attacher au sort des protagonistes, et plus particulièrement de Nat. Le problème, c’est que nous sombrons très vite dans un cliché mélodramatique qui dépasse en intensité la surenchère d’ultra violence du présent. En effet, Nat, le gentil garçon du village (nous sommes à la campagne) aime vraiment, vraiment beaucoup Thai. C’est son seul ami, et on sent vite qu’il y a un peu plus que de l’amitié dans son attitude. Mais les autres enfants du village en font vite leur souffre douleur, ils l’insultent, le brutalisent, le violent avec un de ses jouets… Et quand il rentre à la maison, c’est son père qui le viole… Mon Dieu, mais stop ! C’est quoi, l’étape suivante ? Le prof de math ? Le curé ? Relançant sans cesse la surenchère dans le pathos (qu’il essaye de sublimer par quelques passages jolis comme le vol de cerf-volant), le film se révèle être d’une totale incompréhension de l’homosexualité, qui semble directement associé au statut de victime de Nat, qui à force de se faire violer par tout le monde, développe en réaction à la situation un amour sans borne pour Thai (qui le maltraite également, mais qui possède encore quelques vestiges de pitié). Comme on s’en doute, cette amitié glauque dégénère en crise de Nat qui finit par tuer le père pédophile et à fuir avec Thai en ville, où ils tombent dans les réseaux de prostitution infantile… Si il y a beaucoup de vrai dans les clichés, la surenchère, ça finit un peu par lasser. Le flash s’achève sur la glauque scène de Nat vendu par Thai à des proxénètes qui s’éloigne avec ces derniers, enfermé dans une valise identique à celle des meurtres perpétrés plus tard. Et c’est alors que le film se relance avec une nouvelle thématique qu’elle traite tout aussi sérieusement : la transsexualité ! Attention, ceci est un SPOILER, mais en fait, après quelques années de prostitution, Nat s’est payé un ravalement de façade pour devenir Noy. FIN DU SPOILER. La boucle est bouclée, le twist est intéressant, mais au vu de la monstruosité du parcours suivi (Nat devient une femme pour essayer de reconquérir Thai… Heu, je n’ai sans doute pas mon mot à dire, mais ça n’est pas aller un peu vite en besogne ? Sans un peu rien comprendre au monde des trans ?), on peut rire finalement de cette surenchère perpétuelle dans le glauque, qui ose tout ce qui lui passe par la tête sans prendre de recul un seul instant. Avec des personnages plus hallucinants les uns que les autres (le commissaire a des airs de Yakuzas dans Ichi the killer), Slice conclut en beauté avec un face à face mis à mal par des effets caméras inappropriés, et par la fameuse scène d’abattage de la bête malade, parce que ça ne peut pas se finir autrement… Ses dernières paroles sont à ce titre un régal de non sens : « Je voulais que tu prennes conscience qu’on n’est pas si différent l’un de l’autre ! Tu aimerais être accepté, être du bon côté ! ». C’est probablement très cynique de ma part de rire d’un dialogue qui partait d’un bon sentiment et qui voulait donner un peu de contenance aux personnages, mais la surenchère constante et l’absence de toute nuance sur des thèmes aussi délicats incite clairement à ne pas prendre au premier degré un tel objet… Un objet qu’au final, je rangerais dans une case proche de Feed (pour la surenchère dans le glauque si intense qu’elle invite au second degré…). A noter toutefois une plutôt jolie facture esthétique avec une élégante photographie.

Voracinéphile
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le 21 sept. 2013

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