Slumdog, je l'avais vu à sa sortie en salle. Ce ne fut pas un moment déplaisant mais je ne me suis pas enthousiasmé pour autant. Même constat pour ce revisionnage dans le confort domestique. Y a plein de bonnes choses qui permettent de passer un agréable moment, mais sans plus.
Déjà à l'époque ce qui m'avait frappé c'est que, sitôt que le jeune garçon grandit, on perd un peu en intérêt pour les personnages. Le changement d'acteur y est clairement pour quelque chose, je trouve en effet que les jeunes gosses jouent mieux que les autres acteurs grâce à leur spontanéité. Et puis Boyle semble prendre plus de plaisir à les filmer.
Mais c'est aussi au niveau de l'histoire. Il y a plus de conflits mêlés à de l'humour, sans rien perdre d'objectifs principaux. Lorsque Jamal grandit, nous avons en fait LE vrai grand objectif principal (retrouver Latika), et ça commence à se prendre un peu trop au sérieux... mais le souci, c'est que 40 minutes se sont déjà écoulées, et c'est un peu tard pour lancer une histoire. Les conflits sont moins intéressants aussi car plus sérieux, plus insurmontables surtout (il ne s'agit plus de faire des farces aux mafieux pour s'en sortir).
Les personnages perdent aussi en intérêt principalement parce que leur psychologie 's'allège' ; je veux dire par là qu'autant on pouvait caractériser le jeune Jamal par son espièglerie et son honnêteté et d'autres choses encore, autant le Jamal adulte ne présente que peu de caractéristiques (honnête et amoureux). Mais bon ça reste tout de même intéressant globalement et Doyle prouve qu'on peut aborder la misère d'un pays sans tomber pour autant dans le misérabilisme.
Côté mise en scène, Boyle aime filmer les gens courir. Il y a ça dans tous ses films. Puis il réalise ses films comme des clips videos. Ca c'est un peu un problème. Ca peut passer de temps en temps les débulés, les saturations d'image, les grands angles, les mouvements de caméra excessifs, mais sur la durée, ça fatigue et puis surtout ce n'est pas très utile au-delà de l'envie de dynamiser l'image. Chaque séquence prise à part est donc d'une beauté formelle irréprochable, mais le tout mis bout à bout écoeure.
N'empêche que l'action est toujours bien rendue et que le découpage est ingénieux. Boyle a vraiment du talent, mais il doit apprendre à freiner ses envies et à rythmer ses films. Il y a aussi ces constants retours en arrière. Je n'ai pas lu le livre je suppose que la structure en flashback est la même. D'habitude le flash back n'est pas trop mon truc. Ici ça se tient puisque le film repose là dessus. Disons que le concept m'a conquis sur la première moitié du film car ces moments au présent permettaient au spectateur de souffler par rapport à la frénésie des flash back. mais lorsque Jamal devient adulte, il y a moins d'action, et par conséquent, le spectateur a nettement moins besoin de se reposer entre deux scènes. Du coup ça s'essoufle, ça ennuie.
Côté acteurs, ils sont assez bons globalement, mais ce sont les gosses qui ouvrent le film qui marquent le plus. Et comme dit plus haut, ce sont eux que Doyle filme le mieux.
Bref, Slumdog Millionaire est un film que je trouve vraiment bien fait à plusieurs niveaux, mais qui souffre d'un manque de gestion technique, d'un manque de rythme; c'est comme si Boyle et son scénariste n'avaient pas su quoi faire de tout ce talent mis à leur service.