Slumdog Millionaire par Homlett
Je ne m'attendais à rien d'exceptionnel mais j'y allais pour une leçon de rythme et de ferveur. Et puis même pas, le film est terriblement ennuyeux ! Aucun cadre, aucun mouvement de caméra, aucun effet de montage témoin d'une quelconque dextérité. La musique d'A.R. Rahman est amusante, mais le soucis c'est que Danny Boyle semble avoir cru que courir deux heures sur une bande son cocaïnée témoignerai de la frénésie de l'Inde. Il n'en est rien. Incroyable aussi le manque de rebondissements. Même pas il triche, même pas sa copine l'envoi balader, même pas il perd tout son argent... Le film se termine exactement comme on n'aurait même pas osé l'imaginer. Ça en devient surprenant finalement ! Et puis ce vague mépris pour la télévision (sous les traits grossiers d'un présentateur mégalomane près à tout) est totalement inconvenu puisque, comme l'eut fait remarquer à l'époque François Bégaudeau dans "Le Cercle" (Canal + Cinéma), le film lui-même repose sur le concept de l'émission "Qui veut gagner des millions" (la fin allant jusqu'à user de la célèbre musique à suspens de l'émission).
Et puis ce type seul et fauché qui gagne subitement argent et amour n'a absolument aucun intérêt. Par contre, la situation du frère qui lui a arraché son amour à peine nubile pour l'offrir comme dote au caïd de Bombay afin de devenir son homme de main éveille pour sa part bien plus de curiosité. Mais ce ne sera l'occasion que de deux brèves séquences alors que là il y aurait sans doute eu de quoi faire un bon film.
Bref, pour regarder "Qui veut gagner des millions" mieux vaut rester chez soi, c'est moins cher ; pour regarder des pouilleux courir derrière de l'argent sur un son à 200bpm c'est "Cours, Lola, cours" (Tom Tykwer, 1998) qu'il faut (re)voir, c'est bien mieux ; et pour voir l'Inde à 200%, alors mieux vaut piocher dans l'incommensurable production bollywoodienne, ce n'est pas sans risque mais c'est à coup sûr une surprise.