Pour commencer, la grande baffe dans la gueule de Jamal, le pouilleux des bidonvilles, met en scène la grande claque que le spectateur s'apprête à prendre devant l'oeuvre de Danny Boyle. Quand certains le résument à un conte de fée romantique, j'en fait une dénonciation de la misère devant laquelle nous fermons les yeux. Après tout, le sénario est un nid de flash-back miséreux incrustés dans un jeu télévisé qui tourne autour de l'argent : Qui veut gagner des Millions. Mais c'est surtout un message d'espoir qui ressort de ce métrage.
Alors que Jamal et son frères ont tout pour être malheureux, sachant toutes les mésavantures qui ont forgé leur existence dès leur plus jeune âge, ils ont le choix de devenir ce qu'il veulent. J'ai brièvement apparenté ça à l'American dream. Nous voilà en plein dans le "rêve indien". Un pauvre garçon des bidonvilles se retrouve millionnaire sans jamais en avoir eu envie. Ce film fait du monde capitaliste et cupide d'aujourd'hui une réelle prison qui empêche littéralement de vivre. Finalement, on parle de conte de fée parce que c'est vrai, c'est l'amour qui guide le scénario, c'est l'amour qui guide Jamal à travers le temps jusqu'au pactol
(qui n'est autre que Latica).
Comment ne pas être touché par cette réalité ? Le scénario est solide, et la mise en scène est géniale, voir judicieuse. Rien n'est laissé au hasard parce que le spectateur ne doit pas se perdre dans cette mise en abyme de retours en arrière. Comment ne pas saluer le jeu de Dev Patel qui incarne Jamal jusqu’à s'effacer sous ses traits ? D'ailleurs les autres acteurs sont tous bons dans leur genre, notamment les jeunes.
Quant à la bande son, elle me transporte encore en orient. Elle est toujours bien choisie et bien exploitée tant elle se rend indissociable de l'image.
Je ne recommanderais jamais assez ce film. Surtout n'y cherchez pas d'intérêt extérieur. L'intérêt de Slumdog Millionaire c'est lui-même dans son intégralité. On reste en haleine jusqu'au bout parce qu'on préfère s’apitoyer sur le sort des autres que sur le notre et parce que le temps d'un long métrage on se sent concerné...