Le documentaire revient sur la carrière, démarrée en 1969, de Sylvester Stallone, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il en a bavé pour être là où est il est ; une star du cinéma d'action.
Dès sa naissance en 1946, où le cordon ombilical qui l'enroulait a manqué de le tuer, lui causant une paralysie partielle au niveau du visage, les étoiles n'étaient pas alignées. Il a vécu dans un milieu très modeste, en compagnie d'un père violent, et son seul échappatoire était le cinéma, où il dévorait les films durant de longues journées. Inadapté à la vie scolaire, il décide de tenter très jeune de devenir acteur, mais là encore, ça n'était pas facile, car il n'avait pas le physique pour devenir le jeune premier : il faisait plus penser à un voyou, ce qui lui vaudra de jouer ces rôles dans Bananas ou Les mains dans les poches, où il va commencer à faire parler de lui. Jusqu'à la sortie deux ans plus tard de Rocky, où il s'est battu pour jouer le rôle principal, même en échange de fortes sommes d'argent. Et on connait la suite...
En fait, le documentaire, qui a comme fil rouge le déménagement de la famille Stallone de la Californie vers la Floride ainsi qu'une vieille interview sur laquelle il revient, l'homme est plus honnête que je ne le pensais ; n'attendez pas une analyse de la filmographie de Sly, mais c'est plus l'évocation de sa carrière à travers ses trois sagas ; Rambo, Expendables, et bien sûr Rocky, qui comme chacun le sait, est une évocation de sa vie à l'instant T. Mais là où je ne m'y attendais pas, et c'est là que Sly est parfois touchant, c'est qu'il parle beaucoup de Rocky V, qu'il évoquait rarement, pour rendre un bel hommage à son fils, Sage, qui joue aussi dans le film sa progéniture, et qu'il a voulu à travers ce rôle lui dire tout ce qu'il n'a pas pu lui dire dans la vie. Même si plusieurs étapes ne sont pas vraiment évoquée, sa vie privée en particulier à une seule exception près, c'est quand même un parcours de souffrance que raconte Sly avec sincérité ; ses blessures morales (les échecs de F.I.S.T. et La taverne de l'enfer l'ont en quelque sorte poussé à écrire Rocky II, le désaveu de Copland qui l'a réorienté vers le cinéma d'action), physiques (il a eu cinq opérations du dos, dont une blessure grave durant le tournage d'Expendables) ou affectives (il ne se réconciliera avec son père que peu avant la mort de ce dernier) en font quelqu'un dont on ne peut que s'attacher, malgré ses erreurs de parcours. Car il est le premier à dire qu'il a tourné pas mal de merdes... Il réussit également à délivrer des anecdotes peu ou pas entendues (comme les dialogues avec Mickey dans la saga Rocky sont ceux qu'il aurait pu dire à son père, ou la fin de Rocky Last Blood qui a été changée sur un tout petit détail), car on sait que bien souvent, dans les films où il est scénariste, c'est souvent sa vie qu'il dévoile par strates.
Qu'importe si le documentaire comporte peu de personnes interviewées (Talia Shire, son frère Franck, Quentin Tarantino, un critique, le réalisateur John Hertzfeld et bien entendu son rival et ami Arnold), que sa famille actuelle (ses trois filles sont absentes, sa femme Jennifer Flavin n'apparait que trente secondes sur une archive) ne soit pas présente, Stallone est une figure assez atypique et unique pour prendre la place pour ce documentaire que je ne pensais pas autant émouvant. On aurait pu voir une hagiographie, mais non seulement c'est bien archivé (avec plusieurs photos d'enfance totalement inédites), mais c'est un homme qu'on sent à la fois épuisé par une vie au fois trépidante, mais douloureuse, mais ravi d'être là aujourd'hui.