Pendant 90 minutes, Sly se raconte face caméra et revient sur les débuts de sa carrière, de son enfance difficile à outsider hollywoodien…
Ce qui est intéressant à travers ce documentaire, c’est le fait que ce soit Sly qui prenne la parole et analyse lui-même le début de sa carrière et le parcours qui s’en suivra (bien souvent, pour ce type de documentaire, le protagoniste principal est absent). Pour l’occasion, il revient 65 ans plus tard à Hell's Kitchen (à Manhattan), là où il est né et où il a grandit aux côtés de sa mère (vendeuse de cigarettes) et de son père (coiffeur et accessoirement brutal, impulsif et jaloux de la carrière qu’il aura par la suite). De son enfance difficile (où il enchaînera 13 écoles en 12ans) à ses débuts dans le cinéma, une passion qui l'incitera à écrire ses premiers scénarios très tôt.
Les fans de la premières heures risquent d’être déçus, car bon nombre d’anecdotes, notamment sur Rocky (1976) sont connues (notamment le fait que Rocky soit l’alter-ego de Sly ou que les producteurs n’en voulaient pas comme interprète principal, quitte à lui offrir une forte somme d’argent pour qu’il se retire du projet).
« Après Rocky, les gens m’ont mis sur un piédestal. »
Son premier grand rôle le révèlera auprès du grand public, faisant de lui un outsider à Hollywood. Adulé et acclamé, lui qui se pensait intouchable ne tardera pas à se faire démolir par la critique, notamment avec F.I.S.T. (1978). Qu'à cela ne tienne, cela ne l'empêchera pas de se lancer dans la réalisation avec La Taverne de l'enfer (1979), qu’il écrit et interprète.
Viendra ensuite le succès de Rambo (1982), s’il se fait à nouveau démolir par la critique, le public sera au rendez-vous. Les années 80 seront consacrées à ses deux nouvelles franchises jusqu’au début des années 90 où il tentera de casser son image de casse-coups en enchaînant des rôles ne lui correspondaient pas, notamment dans L'embrouille est dans le sac (1991) ou encore Arrête ou ma mère va tirer ! (1992), un rôle qu’il piquera au nez et à la barbe de Schwarzenegger.
Si vous vous attendiez à une rétrospective pleine et entière sur Sylvester Stallone, vous risquez fort d’être déçu, en effet, le film se focalise essentiellement sur son enfance, l'éclosion de sa carrière et la réussite rencontré par son premier grand rôle (ce qui occupe tout de même la quasi intégralité de la première heure, si bien qu’il ne reste plus que 30 minutes (!) pour aborder le reste… soit toute une carrière riche de plus de 70 films). Il est donc assez regrettable que le film ne se focalise que sur ces premiers films et non sur le reste, à savoir les bons comme les mauvais films, à part une poignée d’oeuvres évoquées ici et là (notamment Copland - 1997 & Expendables : Unité spéciale - 2010).
Ce qui s’avère néanmoins intéressant avec Sly - Stallone par Stallone (2023), c’est de découvrir à quel point son père a pu être toxique envers lui, un homme violent qui jalousera sa carrière au point de vouloir, après le succès de Rocky, produire son propre film de boxe (Sonny). Un père qui n’aura pas su l’aimer mais qui aura nourri son imaginaire en devenant source d’inspiration pour bon nombre de ses films. Enfin, parmi les intervenants, on aura le plaisir d’y retrouver Arnold Schwarzenegger, Quentin Tarantino, Talia Shire (l’interprète d’Adrian dans Rocky), Frank Stallone Jr. (son frère), ainsi que son ami de longue date John Herzfeld.
Le fait que le film soit produit par Stallone lui-même est-il la raison pour laquelle le documentaire est impartial au point d’éviter d’aborder les plus gros bides de sa carrière et évitant soigneusement de trop s'épancher sur des oeuvres sans envergure qui jalonnent sa filmo ? Sans nul doute, dommage.
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