Smile 2
6.1
Smile 2

Film de Parker Finn (2024)

Il y a quelque chose du cinéma de David Cronenberg dans ce Smile Deluxe, avec son obsession paranoïaque pour le double et la surveillance, l’attention portée au corps humain que la caméra dissèque à l’aide de divers instruments ici peu scientifiques, l’accouchement monstrueux sur scène rappelant la créature humanoïde de The Fly (1986), surtout le traitement de la dépendance aux médicaments suite à un accident traumatique (Crash, 1996) qui advient par la projection matérielle des pulsions et des angoisses de la chanteuse. Parker Finn déconstruit son premier film, petit slasher sans grand intérêt, et compose une satire de la célébrité rappelant le récent Trap (M. Night Shyamalan, 2024) : Skye vit recluse dans un immense appartement aux carrelages noirs, aussi impersonnel et froid que le plan de travail en marbre blanc de la cuisine. Surveillée par sa mère et par son assistant, regardée comme une démente par son équipe artistique et par les techniciens, elle subit les assauts de fans dérangés, occasionnant une séquence de prises de photos tour à tour hilarante et terrifiante durant laquelle se suivent une petite fille au sourire démoniaque, une apprentie chanteuse et son « plus grand fan » Alfredo souffrant de problèmes de peau – et d’hygiène, en témoigne l’état intérieur de son slip…

Le réalisateur représente Skye telle la victime d’un système qui la broie en exerçant sur elle un harcèlement permanent : elle « n’a personne à qui parler » et voit son entourage se transformer en entités souriantes, métaphore d’un Mal qui se propage et que seul le meurtre pourrait interrompre. L’affiche de Flashdance (Adrian Lyne, 1983) est d’ailleurs placardée sur la loge de l’artiste, référence à l’exploitation médiatique de la femme objet. Plus le long métrage avance et plus il figure des visions cauchemardesques, à l’instar de ces mains arrachant cheveux et peau empruntées certainement au Dawn of the Dead (1978) de George Romero, qui critiquait déjà la consommation de masse, ou du monstre final qui achève le processus de dégradation de Skye retournant le Mal contre son public.

En dépit d’une longueur excessive et de de redondances liées à la répétition d’un schéma articulant la réalité luxueuse aux projections horrifiques de l’héroïne, Smile Deluxe surprend par ses audaces gore et par l’intelligence de son propos appliqué au star system d’aujourd’hui.

Créée

le 29 oct. 2024

Critique lue 28 fois

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