Plutôt un détracteur du premier, j’ai regardé celui-ci à reculons après avoir été intrigué par ses bons retours, et ce, malgré le trailer qui laissait penser qu’on allait avoir l’exact même film que la première fois. Et c’est bel et bien le cas, on a le même schéma narratif, mais il faut avouer que le résultat est ici beaucoup plus convaincant.
Comme dans le premier, dépression, anxiété, traumas, dégoût et haine de soi, sont au cœur du film. Skye Riley (jouée par Naomi Scott) pop-star sur le retour, sort d’hôpital psychiatrique 1 an après un accident de voiture qui a coûté la vie à son petit ami. L’« infection à l’entité » arrive assez rapidement et devient immédiatement un prétexte pour aborder les maladies mentales de l’héroïne. Là où l’« entité » dans le premier film réveillait les traumas de l’hôtesse infectée, traumas qu’elle avait décidé d’occulter et de ne jamais traiter jusqu’à ce qu’elle y soit forcée, ici, Skye, qui se pense guérie, est malheureusement toujours malade au début du film, la pression de sa célébrité et de sa nouvelle tournée pesant trop lourd sur ses épaules et s’ajoutant à tout ce qu’elle ressent déjà depuis des années.
Je trouve que le rapport aux maladies mentales est le gros point fort du film, notamment grâce à la performance extraordinaire de Naomi Scott. Les scènes les moins horrifiques sont de très loin les plus réussies, certaines sont d’une intensité assez étouffante, et j’ai lu que Parker Finn voulait qu’on ressente l’effet d’une crise d’angoisse devant certains passages, et je dois dire que c’est plutôt réussi.
Malheureusement, ce n’est pas qu’un thriller psychologique, c’est aussi un film d’horreur. Et un film d’horreur toujours aussi éclaté que le premier.
Le mélange ‘maladies mentales / film d’horreur’ n’est jamais bien dosé. Parker Finn échoue là où Ari Aster - dont l’influence ne fait aucun doute, notamment son Hérédité directement cité dans plusieurs plans et scènes - a réussi, là où même les frères Philippou ont davantage réussi (même si je trouve Talk to Me nettement inférieur aux films d’Aster). Je ne ferai même pas l’offense à Parker Finn d’aller jusqu’à le comparer à des réalisateurs moins contemporains qui se sont essayés aux mêmes thèmes, comme Kubrick, Polanski, ou Andrzej Żuławski dont il est justement en train de préparer le remake de son Possession.
Si Smile 2 est un thriller psychologique intense, éprouvant, et disons-le, franchement réussi dans sa mise en image d’une crise d’angoisse dont on n’arrive pas à sortir, c’est aussi - et malheureusement surtout - un très mauvais film d’horreur, grotesque, qui multiplie les jumpscares et les effets de style tous plus ridicules les uns que les autres. Certaines scènes qui sont de simples dialogues entre un personnage profondément dépressif et un interlocuteur qui ne le comprend pas sont ainsi complètement gâchées par un pay-off horrifique malvenu et beaucoup trop bouffonnesque pour qu’on y croie. Les potards du gore sont à 10 000, et le spectateur est constamment balancé entre ces deux films qui n’arrivent jamais à cohabiter. D’autant que le film a la mauvaise idée de durer 2h10.
Cependant, force est de constater que le fait d’ancrer le film d’horreur dans un milieu de célébrité donne lieu à une conclusion aussi courageuse et surprenante qu’hilarante dans son infinie cruauté, et qui devrait, je l’espère, définitivement clôturer cette saga.
Y a plus qu’à espérer que Parker Finn continue de s’améliorer de film en film.