Smoking
7
Smoking

Film de Alain Resnais (1993)

Neuf rôles que se partagent deux comédiens sont au centre d'une intrigue théatrale pour laquelle de multiples dénouements s'étalent suivant le même espace-temps: aujourd'hui, 5 jours plus tard, 5 semaines plus tard, 5 années plus tard.

La singularité de la mise en scène et de la construction du récit -on n'en attendait pas moins de la part d'Alain Resnais- n'éclipse pas pour autant les savoureux et brillants numéros d'acteurs. Sabine Azéma (très séduisante) et Pierre Arditi s'entendent à merveille dans une diversité de rôles dont chacun exige une composition particulière. Leur connivence est évidente, leur interprétation superbe, nous faisant parfois croire qu'il y a neuf interprètes.

Le travail de mise en scène est tout en élégance car Resnais (et l'auteur anglais qu'il adapte, Alan Ayckbourn) crée un véritable intérêt pour des personnages pourtant quelconques et un sujet sans relief ( les démêlés sentimentaux d'un couple à bout de souffle). La rusticité des quelques décors anglais reconstitués en studio et l'anachronisme apparent des patronymes anglais (qui contrastent avec les textes du duo Bacri-Jaoui et l'interprétation francisés), la beauté de la photographie et le mariage pimpant des couleurs ajoutent un charme joyeux et enrichissent un sujet généralement fantaisiste, parfois entrecoupé de moments plus amers.


"No smoking" n'est pas précisément une suite mais la deuxième partie d'un même film, à ceci près que la scène initiale entraine une autre situation dont le couple Coombes est cette fois-ci le sujet principal. Comme pour les époux Teasdale, les Coombes ont à résoudre une relation conjugale précaire et tout à fait banale. Sur le même mode que "Smoking", Resnais continue de modifier les destins des différents personnages selon les choix qu'ils font, selon qu'une phrase a été prononcée ou non. Dénués de signification psychologique, les protagonistes n'existent que par leur mise en scène, par l'évidente conviction des deux comédiens et par l'esthétisme coloré des décors factices et de l'éclairage.

En dépit de son aspect théatral, de petites histoire de couples communs, parfois adultères, de ces personnages qui disparaissent et reviennent à tour de rôle pour ne laisser, quoiqu'il arrive, qu'un ou deux interprètes en scène, le film apparait comme l'anti-vaudeville.

Amusant ou plus grave, toujours ludique, le récit pourrait s'étirer, non sans quelques langueurs peut-être, jusqu'à l'infini. Au terme du film, il apparait que cette fameuse cigarette allumée ou pas par sabine Azéma n'a que l'utilité du symbole déterministe invoquant les gestes et postures qui construisent chaque jour notre destin.

inspecteurmorvandieu
9

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Alain Resnais

Créée

le 14 oct. 2024

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Smoking

Smoking
Hélice
8

Pour un oui Pour un non

Le dispositif ? Un même début, des dizaines de films différents, reposant chacun sur le changement d'une phrase. Smoking/No S. s'annonçait dans mon esprit comme un film sur la bifurcation. Une phrase...

le 15 juil. 2012

21 j'aime

3

Smoking
lhomme-grenouille
1

Boring

Au-dela du fait que ce film était à sa sortie une putain d’arnaque car il obligeait à payer deux places pour voir (en gros) le même film, ce « Smoking/No Smoking » m’afflige surtout parce qu’il n’est...

le 1 juil. 2018

4 j'aime

Smoking
EricDebarnot
6

Pas au niveau des meilleurs Resnais...

"Smoking" est certainement le type de film idéal pour le visionnage sur DVD, qui permet une analyse minutieuse des scènes, voire une recomposition 'à volonté' de l'arbre des possibilités construit...

le 21 août 2014

4 j'aime

1

Du même critique

Le Château de verre
inspecteurmorvandieu
4

Critique de Le Château de verre par inspecteurmorvandieu

Incontestablement, René Clément a su donner de la rigueur à ce drame sentimental classique, à cet adultère d'un jour entre une bourgeoise lassée et un séducteur cynique. Il est vrai également que le...

le 20 oct. 2024

2 j'aime

Le glaive et la balance
inspecteurmorvandieu
4

Critique de Le glaive et la balance par inspecteurmorvandieu

Le titre du film est un peu ronflant mais annonce la couleur en dissociant le châtiment et l'esprit de justice.Après un inutile prologue, André Cayatte entre dans le vif de son sujet -il est l'auteur...

le 6 déc. 2024

1 j'aime

1

Trois Amies
inspecteurmorvandieu
8

Critique de Trois Amies par inspecteurmorvandieu

Trois amies, dont l'une, interprétée par India Hair, occupe le devant de la scène de façon plus grave, se débattent dans les nombreuses formes amoureuses qu'Emmanuel Mouret met à leur disposition...

le 9 nov. 2024

1 j'aime