Faux-semblants
La séquence d'ouverture de Snake Eyes donne déjà le ton, Brian De Palma veut en mettre plein la vue et met en scène une folle entrée dans un Palais des Sports, filmée en plan séquence, avec une...
le 21 janv. 2021
32 j'aime
3
"Snake Eyes" fait partie de ces films de Brian De Palma qui départagent clairement les fans du maître des "autres"... Des "autres" qui trouveront la dernière partie du film poussive, l'interprétation de Nicolas Cage inutilement surchargée (rien d'inhabituel à ça, mais bon...), et tout un tas de défauts objectivement présents. Les fans - dont je suis - admireront l'un des films les plus théoriques de De Palma, les plus conceptuellement aboutis : ici, le film entier est contenu dans les dix premières minutes, dans ce (faux) plan séquence dément qui ouvre le film, et sur lequel De Palma reviendra à plusieurs reprises, via des flashbacks virtuoses qui démontreront que, derrière ce qu'on a cru voir, il y avait une réalité bien différente. On connaît l'intérêt (l'obsession ?) de De Palma envers le thème de l'image qui "ment", on remarquera que, ici, il nous propose une version toute aussi manipulatrice, mais plus optimiste, de ces théories, puisque l'image est en fait détentrice de vérité, une vérité qu'elle révèlera à celui qui sait la regarder, ou mieux encore, qui sait reconnaître le regard le plus juste (coup de génie de cet œil flottant au dessus de la mêlée, permettant l'identification du véritable criminel derrière la mise en scène...). Oui, qu'importe si De Palma finit par se perdre un peu dans ce thriller qu'il avait voulu commercial et populaire - et qui fut un échec public -, il y a, pour notre plaisir, tellement d'idées brillantes dans "Snake Eyes" : le survol des chambres de l'hôtel, dévoilant la mise en scène du plateau de cinéma ; le climax final littéralement déboussolant avec la mise en abyme via la caméra de télévision, déréalisant l'action tout en dévoilant publiquement le coupable ; et bien sûr le dernier plan, clin d’œil ironique, confirmant que le rêve américain de richesse est construit littéralement sur des cadavres ! Et ce qu'il y a bien entendu de formidable avec De Palma, c'est que ses films théoriques ne s'usent pas à être fréquentés assidûment, ce qui en fait l'un des auteurs les plus pertinents pour une vidéothèque personnelle ! [Critique écrite en 2016]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Nicolas Cage et Les meilleures ouvertures de films
Créée
le 31 déc. 2016
Critique lue 559 fois
12 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Snake Eyes
La séquence d'ouverture de Snake Eyes donne déjà le ton, Brian De Palma veut en mettre plein la vue et met en scène une folle entrée dans un Palais des Sports, filmée en plan séquence, avec une...
le 21 janv. 2021
32 j'aime
3
Avec Snake Eyes, Brian De Palma affiche sa virtuosité visuelle sur tous les pores de son œuvre. Virtuosité tellement grandiloquente, qu’elle prend le pouls de son récit. Missile sur l’image...
Par
le 9 juin 2018
30 j'aime
1
Le brillant réalisateur de Mission impossible parvient à sublimer un scénario conventionnel en forme de puzzle par une mise en scène virtuose et inventive, dont on retient le long plan-séquence...
Par
le 15 nov. 2018
28 j'aime
6
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25