Comme une oeuvre d'art contemporain en plein coeur de la FIAC, Snow Therapy est une pépite brute difficilement appréciable sans un certain recul et un goût prononcé pour l'humour glaçant et l'étrangeté. La mise en scène est singulière, le rythme imposé est lent et routinier presque programmé, les personnages en remise en cause constante, les plans archi soignés et les acteurs d'une justesse phénoménale. Il est évident que l'on ne ressort pas de ce film avec la patate. C'est un film d'un réalisme cruel, froid et cyniquement drôle, deux heures de séances chez le psychologue s'interrogeant sur la famille, les relations humaines et l'instinct de l'être humain et ses faiblesses. Fondé sur des recherches scientifiques qui prouveraient que face à un danger, l'homme fuit, la femme protège sa famille, Ruben Ostlund nous plonge dans le bonheur insipide d'un couple bousculé par l'incontrôlable, rongé par la rancoeur et les doutes pendant cinq jours. Cinq jours de vacances sans repos d'une famille en crise. Les Alpes offrent un cadre majestueux presque paniquant face à ce huis clos social justement dosé. Le malaise est contagieux, c'est là toute la virtuosité du réalisateur, qui nous fait nous questionner sur nos propres attentes et nous laisse seul juge d'un psychodrame moderne à l'humanité asphyxiante lors de scènes que chacun interprétera à sa manière. Certains détesteront. D'autres, comme moi, se réjouiront d'avoir été troublés, malmenés et abandonnés en haut des pistes.