Tiré de la BD du même nom, l’histoire se passe sur une Terre glacée post-apocalyptique, dans un train de plusieurs de dizaines de wagons, assurant sa propre énergie en ne s’arrêtant jamais, sur un parcours perpétuel et multi-continental. Y sont réfugiés les survivants de l’humanité, repartis hiérarchiquement selon les compartiments. Du créateur déifié qui réside en tête dans le luxe le plus insolent, en passant par toutes les classes sociales, ainsi que les wagons jardins et élevage, jusqu’aux fourgons à bestiaux de queue où vit la lie de l’humanité, dans une insalubrité, une misère et une maltraitance des plus abjectes. C’est de cette fange que surgira un groupe de révoltés qui tentera de monter vers l’avant afin de renverser le pouvoir.
Le début le film s’apparente à un jeu vidéo vu cent fois basé sur la baston, l’action, avec augmentation du niveau, des pertes et des victoires à chaque wagon conquis. Mais la progression nous glace bientôt par la compréhension organisationnelle d’un système dont la monstrueuse tyrannie s’avère inhérente à l’esprit humain et nécessaire à maintenir l’écosystème, économique, social et démographique de cet effroyable radeau de la méduse. Mieux qu’une métaphore du train en tube digestif, on y découvre l’illustration de l’organisation humaine dans toute son horreur.
Impressionnant film de science-fiction, d’action, et de philosophie mené par les excellents John Hurt, Ed Harris, Song Kang-Ho, Tilda Swinton, Jamie Bell, et un surprenant Chris Evans enfin dans un rôle d’antihéros crasse, perturbé et déchiré entre l’ignominie et l’héroïsme.