Nouvelle œuvre post-apocalyptique dans une allégorie à huit clos ! Le Sud-Coréen Bong Joon Ho s’est engagé dans une réalisation des plus complexes, dont l’efficacité se juge non pas seulement sur son budget colossale sortant de l’ordinaire. Après ses quelques grands succès locaux, affichant notamment Memories of Murder et Mother, il s’aventure dans un paradoxe très relatif au sens d’une existence perplexe, d’où le jour d’une aube figée. Et il aura fallu plus de trente ans pour reconnaître l’œuvre originale de Jacques Lob et Benjamin Legrand, ceci en tant qu’innovation de la science-fiction moderne.
Il faut dès lors prendre en compte le fait que cette adaptation extrait l’âme des couleurs de Jean-Marc Rochette, offrant ainsi une révolution de l’image et du scénario subtile qu’elle nous suggère.
Un passé dévasté par une nouvelle ère glaciaire dont on ne s’attarde pas sur les détails anodins mais intelligents de l’événement. Au beau milieu du chaos, le Transperceneige, machine instaurant tant de concept qu’on reviendrait à bousculer l’incohérence à sa juste place. Cependant, cela n’est pas l’image qu’illustre cette merveille visuelle. On y compte survivants de toutes classes sociales, d’un degré fort appuyé en ses extrémités. Chris Evans motorise alors la vitalité du train en comprimant l’être de son personnage au plus haut point de rationalité. La question de justice et d’égalité se voient alors fort contrastée au mépris d’un combat impitoyable pour la survie. L’arche est à la fois une découverte et une redécouverte pour les héros, qui en oublient la notion de réalité…
L’espoir peut s’avérer être un poison, mais est-il nécessaire de lui faire confiance pour parvenir à changer les choses ? La force mentale est ici la clé du changement qui semble inévitable et pourtant l’évolution des personnages reste instable. Jamie Bell et John Hurt occupent alors la raison d’une longue traversée, tout aussi périlleuse que surprenante. Mais ils ne se distinguent pas plus que Song Kang-Ho dans un rôle fragile où tout porte à le pousser au bord gouffre… Pour le coup, c’est une nouvelle performance qui voit sa suffisance efficace, ce qui est rarement respecté sur les écrans américains du moment, et cela est bien dommage.
Pourvu de scènes relativement fortes en messages politiques et sociales, les multiples périples succèdent l’accumulation de haine et d’émotions prédisposées à un jugement serin. Autrement dit, une course peinant à traduire l’influence des mises en scènes…
Ce tout, afin de redimensionner la définition de l’humanité, d’où l’approche de l’effroi obscur par la curiosité. Et dans cette condensation de ce qui reste d’un monde soi-disant civilisé, l’intrigue n’est que plus entreprenante en présence d’une berceuse amenant la tension à peser sur le rythme du film, qui se veut très patient. Contrairement à ce que l’on pourrait ressentir, ce n’est pas un partage de valeur mais un partage de souffrance, qui selon le point de vue du spectateur, affiche un jugement totalement subjectif d’une sensibilité sans faille… C’est pourquoi le son de Marco Beltrami retentit une nouvelle fois, succédant de plus en plus les plus grands succès commerciaux de l’année.
Et pour conclure une telle frappe, la chute n’en sera pas moins décevante, car peu prévisible. Le bluff prend inertie autour de nos regards sans porter attention sur ce qui doit être compris, mais juste sur ce qui doit être vu. Le choix de la compréhension par le visuel met en relief des points sensibles d’une certaine façon de vivre. Mettant, par la même occasion, en valeur des conséquences horrifiante d’un déluge contre soi-même. Le niveau du concept recherché se renouvelle ainsi sans cesse, jusqu’à la dernière image, ceci afin d’exposer un sens non plus moral, mais juste sentimentale en nostalgie.
Tout un orchestre de reconstitution, Swnowpiercer : le Transperceneige s’affirme comme étant un très bon film, qui mérite amplement le visionnage attentif.