Ce film est assez différent des précédents dans la filmographie de Bong Joon Ho. Beaucoup plus "américain", dans un sens, mais toujours avec ce ton propre au réalisateur. Un ton qui tient en haleine, qui amène l'absurde et le rire en plein centre d'un méli-mélo de gravité, de sacrifices, de souffrance, de lutte ! Le rythme est terrible, c'est une musique, un orchestre, qui court, frappe, se précipite et, brutalement, se calme, chuchotte, pour remonter de plus en plus haut, de plus en plus fort dans la tension et la violence.
L'image est très soignée dans le chaos qu'elle met en scène. Tout y est très visuel, à la fois fascinant et oppressant, au fil de ce voyage au bout du train, cette traversée des enfers, l'un après l'autre, en direction du dieu qui fait tourner ce monde. Un dieu qui décide de qui est qui, de quelle place a chaque chose... qui décide que la société s'organisera ainsi, dans sa forme la plus clichée, et que rien, jamais, ne dois changer, au risque de sombrer dans ce chaos.
Et ces étendues, au dehors, de neige et de villes mortes. Ces étendues qui glacent dans tous les sens du terme ... et qui appellent désespérément ses habitants, comme un diable séducteur. Plutôt mourir dehors que vivre au dedans ... ?
Lutte, manipulation, enfermement, massacre, folie... tout cela, sublimé par une panoplie d'acteur bizarrement très bien choisis, qui incarnent leurs personnages tous très différents avec une humanité tantôt noble (notamment un père qui protège sa fille jusqu'à refuser qu'elle détruise son innocence par le meurtre : le message passe avec un geste fort, et un faible mot, pas de discours surlignant inutile), tantôt monstrueuse (les exemples sont innombrables, mais chacun sait que l'humanité est plus volontier monstrueuse que noble).
A lire : la BD d'origine, mais le film s'apparente déjà beaucoup à ce type de support. Sans doute une belle adaptation, j'irais fouiller dans les librairies. :D
J'ai passé un bon moment ! \o/
Post-it publié en 2013 sur Zinema