Je connais Bong Joon-Ho seulement avec The Host. Film de monstre que j'avais pas du tout apprécié et à vrai dire, qui m'insupporte. Je n'avais donc aucun pré-avis sur ce film, y allant comme un simple spectateur enthousiaste de sa séance du dimanche et au final, je ressors souriant devant cette grosse surprise qui m'a littéralement séduit de A à Z.
Souvenez-vous, en août dernier sortait le Elysium du jeune Neill Blomkamp qui était attendu comme un putain de gros film d'anticipation dystopique avec une surdose de SF fut, au final, une vilaine série B d'action sans réel enjeux. Aujourd'hui, on peut se rattraper avec le Snowpiercer qui se présente comme un vrai film d'anticipation intelligent, intense, jouissif.
Pour replacer le contexte, la fin du monde a eu lieu et la planète entière est plongée dans une sombre aire glaciale. Toute vie à l'extérieur est impossible sauf dans un endroit: le Transperceneige. Ce train contient à son bord les derniers survivants selon une grosse hiérarchie le long du train. Les plus pauvres, ou plutôt, d'anciens citoyens normaux, vivent dans la misère à l'arrière du train dans un total inconfort se nourrissant de barres de protéines alors que les plus riches, les plus aisés, les plus "importants", selon l'idéologie de Wilford sur l'homme, vivent dans le luxe, l'abondance et le vice à l'avant du train. Tout ici présente une dystopie totale. La colère montant au près des plus démunies, ils décident de tenter une révolte et prendre le contrôle du train en remontant vers l'avant.
C'est après une petite vingtaine de minutes pour que le contexte se place que le film commence. La révolte commence, et le film devient violemment nerveux par sa réalisation dantesque, oppressive dut au fait que le film soit une sorte de huit clos. On se laisse emporter par des scènes d'actions stylisées ( Spoiler: je parle notamment de la scène face aux sbires armées d'armes blanches. Violente mais jouissive) malgré des dialogues creux, n'aidant pas trop à la narration du film. Mais ce petit soucis n'est pas handicapant. On enchaîne les wagons avec diverses situations, des wagons avec une esthétique propre, parfois très jolis, accompagnés d'un paysage apocalyptique glacial absolument somptueux ! Spoilers: Tout le film prend un sens lorsque notre héros, devenu leader, arrive enfin dans la cabine de Wilford. A ce moment là commence un long dialogue entre les personnages où Wilford donne son idée du cycle humain et de son fonctionnement dans la survie de cette espèce. On y verrait presque, métaphoriquement, le fonctionnement même de notre société et toutes ses inégalités présentes partout dans le monde. Fin du spoiler.
Le film est maîtrisé dans sa mise en scène avec une esthétique propre et somptueuse. Pour le reste, on a des performances d'acteurs correctes mais pas non plus phénoménales malgré un joli casting dans l'ensemble. Chris Evans, que je n'avais pas vu ailleurs que son rôle de Captain America, s'en sort honorablement et je retire donc les quelques préjugés que j'avais sur le bonhomme !
Intelligent, jouissif, somptueux, violent, Snowpiercer est le film de science-fiction de l'année. On aurait pu craindre le passage de Bong Joon-Ho devant certains producteurs américains, comme pour beaucoup de réals, mais il parvient à nous livrer un vrai "blockbuster d'auteur" bien ficelé, avec une vraie liberté artistique. En cette fin d'année, j'enchaîne décidément les bonnes surprises entre Prisoners, Gravity et maintenant celui-ci. Il faut dire que maintenant, je suis comblé jusqu'en 2014.