Il passe peut-être par Pau, mais ne s'y arrête pas.
Il est vrai qu'on en aura eu, des films d'anticipation et de Science-Fiction en 2013. Snowpiercer est celui qui s'en tire le mieux. Il est adapté d'une BD française, Le Transperceneige. Mais Bong Joon-Ho n'a pas fait l'erreur de reprendre l'histoire et les cadrages case par case, ce qui aurait donné à mon sens un film paresseux. Non, il s'en est servi de base ( le train en mouvement perpétuel dans une Terre glacée et invivable suite à une nouvelle glaciation provoquée par la bêtise humaine) pour donner SA vision personnelle des choses. Sa grande force, c'est de toujours surprendre, de bout en bout. Les séquences s’enchaînent, passant de scènes intimistes à la plus brutale des violences et certains moments resteront dans l'histoire du cinéma. Aucun détail n'est laissé au hasard et certains éléments à priori anodins sont développés plus tard. Résultat, la cohérence ne faiblit jamais. On le doit à la performance des acteurs, Chris Evans jouant sans doute un de ses meilleurs rôles, et que dire de Tilda Swinton, en Intendante au service de celui qui contrôle la locomotive, qu'on adorera détester. John Hurt et Ed Harris ne déméritent pas non plus.
Côté réalisation, c'est du grand art : que ce soit l'extérieur, ou même l'intérieur du train. Les rebelles qui progressent du wagon de queue, où ils sont privés de lumière, et gardés comme des bestiaux par des soldats sadiques, découvrent les autres wagons en même temps que le spectateur. Impossible de deviner à l'avance ce qu'il va se passer lorsque la prochaine porte va s'ouvrir! On se demande même comment faire pour passer au prochain wagon. Chacun d'entre eux a fait l'objet d'un soin particulier par les décorateurs, et l'image a fait l'objet d'un soin particulier. La progression aura de nombreux arrêts. Comme dans un jeu vidéo, il y a des épreuves à surmonter . Mais ce n'est qu'une fuite en avant, pour un aller simple pour la locomotive. Et ce qui est aussi une des forces du film, c'est qu'il a le mérite de ne pas prendre les gens pour des cons et chaque plan parle de lui-même, celui de fin en témoigne plus que jamais, mais c'est aussi une allégorie de la condition humaine. Chacun se posera ses propres questions, comme celles-ci, par exemple: Une fois qu'on a atteint le sommet de la pyramide pour en déloger celui qui l'occupe, serions nous prêts à trahir les idéaux pour lesquels nous nous sommes battus dans le seul but de la contrôler à notre tour ? Les êtres vivants sont-ils condamnés à rester toujours à leur place notamment à cause desdits idéaux ? Et j'en oublie.
Toute cette variété, ces surprises, ces scènes ( la bataille dans le noir, notamment) les questions posées ne peuvent que forcer le respect pour qui recherche un divertissement de qualité. Encore bravo .