Un souffle glacé qui transcende magnifiquement la science fiction
Le brillant et talentueux cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho nous offre dans ce film deux heures de pur plaisir. Il a allié avec brio la science fiction et le drame grâce à un scénario ressuscitant la lutte des classes, la rébellion et l'anarchie. Il nous captive dès le début en utilisant comme point de départ le réchauffement climatique poussé à son paroxysme. A trop vouloir stopper ce dernier, l'extrême s'est produit en plongeant la terre dans une nouvelle ère glaciaire si bien que la seule chose qui permette encore à l'humanité - enfin ce qui l'en reste - d'exister est un train faisant le tour de la planète en un an grâce à la sacro-sainte machine perpétuelle.
Le train se divise principalement en trois zones: la queue du train où l'on est immergé avec les classes les plus pauvres, celles qui est exploitée, déshonorée et tout ce qui va avec. Puis on découvre le milieu du train que nous fait mépriser Bong Joon-ho, les classes riches, insouciantes, camées et chouchoutées. C'est là qu'on découvre la vision du lavage de cerveaux propagandiste pour le train - le sauveur de l'humanité - et son créateur quasiment déifié si bien que l'on se demande s'il existe vraiment, Wilford. C'est dans la troisième zone, impénétrable, à l'avant du train qu'il vit et où bien sur les révolutionnaires veulent se rendre.
Tout le long du film le spectateur est plongé dans cette atmosphère cataclysmique de fin du monde futuriste et sans espoir. A première vue on pourrait se dire que c'est simplement une nouvelle version du film Le jour d'après, avec toute la morale écologique qui va avec, planquée derrière des effets spéciaux titanesques... Et pourtant ce chef d'oeuvre nous frappe par son jeu d'acteur réaliste et sincère, où l'on s'identifie à chaque personnage, mis en valeur sans tomber dans le too much ni dans la caricature.
On suit donc les bien malheureuses aventures des "queutards" à travers le train, Curtis, le héros révolutionnaire (Chris Evans), Gilliam, le sage mentor de Curtis (John Hurt), Edgar, le jeune protégé de Curtis (Jamie Bell), Tanya, la mère touchante et forte (Octavia Spencer), aidés par un prisonnier drogué Namgoong Minsu (Song Kang-ho) ainsi que sa fille Yona (Ko Ah-sung).
Le transperceneige représente une mini société dystopique où les révoltes ont toutes échouées. La fin du film est plutôt prévisible mais pas moins captivante, qui met en relief les problèmes mondiaux actuels: le réchauffement climatique bien sûr, mais aussi l'accroissement incontrôlable de la population mondiale (Lisez Inferno de Dan Brown à ce sujet c'est juste captivant) et tout ce qui en découle c'est à dire la question de pouvoir nourrir tout le monde, pourquoi pas avec des insectes c'est bourré de protéines et en Asie ça se pratique déjà ! Après tout les sauterelles c'est délicieux non? (Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu vous allez adorer cette scène...). A ce sujet Chris Evans nous offre à la fin un monologue touchant au sujet du cannibalisme inévitable quand la faim pointe son nez. Et à terme se pose la question de notre survie, de l'anarchie qui pourrait en découler. Là où les queutards s'obstinent à vouloir contrôler le train dans une vision idéaliste de la révolte, le prisonnier drogué mais néanmoins lucide a déjà compris que la seule solution est de le détruire...
Qui dit révolte dit combats sanglants et donc violence. L'action est donc bien au rendez-vous ! Action ponctuée d'un brin d'humour et d'espérance qui fait de ce film un petit bijou intellectuel et artistique et marque les esprits tant il est spectaculaire et aboutit. Ce qui fait son génie, outre le fait que c'est surement l'un des meilleurs, sinon le meilleur film sorti cette année, c'est qu'il plaira à bien plus de monde qu'aux seuls fan de science fiction.