En route pour l'aventure... ou pas.
Avant toute chose, sachez qu'il y aura du spoiler dans cette critique. Et oui, Snowpiercer fait partie de ses films dont on peut difficilement parler sans spoiler... bon en fait on peut, mais vu les spécificités, ça reste assez peu utile (c'est comme dire "c'est bien" ou "ça pue", c'est cool mais bon ça aide pas vraiment), et y'a les notes pour ça.
Soyons clair : j'ai bien du mal à savoir quoi penser de ce film. Doit il vraiment être pris "au sérieux" ? Est il vraiment détenteur d'un message comme la plupart des personnes le disent ? Et, grand mystère, quel est donc ce message ?
C'est donc en me posant ces questions que j'entre dans le cinéma, m'installant et attendant le lancement du film.
Si vous avez déjà vu le film, vous pouvez aller vers la fin de la critique, pour le début je vais essayer de mettre en avant les points marquants, qu'ils soient bons ou non.
Il commence. On explique que pour lutter contre le réchauffement climatique, on a décidé d'utiliser un produit dont on ne sait rien, sauf qu'il est sensé réduire la température terrestre. Le point positif, c'est que ça marche. Le point négatif, c'est qu'en fait ça marche trop bien et nous plonge en pleine aire glacière.
Soit. Les rescapés se retrouvent tous dans un train, qui symbolise (?) la société, avec à l'arrière les "pauvres", et à l'avant les "riches" (et accessoirement le créateur de ce dit train).
Nous commençons donc en "bas de l'échelle", donc à l'arrière du train. On nous montre des conditions de vies difficiles, des maltraitances de la part des gardes, et un côté sans gêne du haut de l'échelle, qui vient se servir dans les enfants comme on va choisir une paire de chaussure ("oh bah ça c'est la bonne taille, je prends").
Notre héros, outré à la longue par ce comportement, et accessoirement appuyé par ses potes, prépare son plan pour la rébellion, pour remonter le train, et "prendre le contrôle" (du moins on le suppose, c'est assez peu clair pendant un long moment...).
La rébellion commence donc, mettant en avant les personnages qui nous accompagneront durant ce périple : le héros (que je ne peux personnellement pas encadrer), un "vieux sage", un ado qui suit le héros partout, un autre qui est à la fois tatoué, muet, et expert en combat, sautant sur les murs et tuant des mecs de 2m comme on ouvre une canette de coca (don't ask), et les deux parents des gamins qui se sont fait emmener au début. S'ajouteront à eux deux coréens, un père et sa fille, toxico, et qui savent ouvrir les portes (c'est pas donné à tout le monde).
On ne va pas décrire un par un les wagons, mais on va rester sur les plus "marquants".
D'abord la "cuisine" où on voit de quoi sont faites les barres qu'on donne à manger aux insurgés. La plupart se diront "beuuurk", mais rappelons quand même que les steaks d'insectes, c'est l'avenir. Faudrait que je retrouve l'article là dessus. Autant à l'époque de la BD ça m'aurait semblé effectivement incroyable de manger ça, autant de nos jours, c'est quelque chose d'envisageable. Ca perds donc de son impact...
On avance un peu, et là... on tombe sur le wagon qui nous fait poser une question très importante : mais qu'est ce que c'est que ce film ? C'est sérieux ou un gag ? On se retrouve dans un wagon "vide" de tout aménagement, mais plein de types qui ressemblent à des assassins d'agence secrète armées de hachettes et de katanas. Qu'ils trempent dans un poisson mort pour tacher avec du sang. Malgré le mindfuck extrême, on a quand même le temps de se dire que la musique est super immersive. Comme toute personne sensée, on se dit que bon, ils sont quand même bien dans la mouise nos amis révolutionnaires. Mais ils font face avec courage (hm), battant les ennemis, mais non sans perte. Un choix difficile s'impose à notre "héros" : sauver son ami (ou au moins essayer) ou capturer la Ombrage locale, une sorte de lieutenant du big boss. Le choix pourra être considéré comme discutable, surtout en considérant les choix futures (et finaux) du personnage.
Quelques scènes improbables nous tombent dessus sans crier gare (haha) : les mecs s'arrêtent en plein milieu du combat pour se souhaiter un bon anniversaire quand ils ont fait un tour du globe, on a un remake de l'ouverture des JO avec une torche... bref, c'est la fête, c'est marrant, mais en même temps on ne sait pas si on est sensé rire dans ce film.
Le vieux sage nous explique que bon, on est pas arrivé bien loin mais c'est déjà bien, qu'il faudrait peut être en rester là. Mais le héros il est hargneux, donc il veut aller en tête de train et pis c'est tout.
On continue donc, cette fois ci en compagnie de notre guide touristique (Ombrage), qui fait visiter les prochains wagons. Elle nous explique que le train, c'est un éco système à gérer, y'a des plantes, un aquarium (hem), etc.
Et cette fois, on arrive... dans une salle de classe. Soit. Les gamins, visiblement tous hyperactifs et drogués, sont dans un état euphorique lorsque la prof allume la TV pour montrer une vidéo servant d'explication au fonctionnement du train. Après ça, encore une scène improbable, où la prof enceinte fait un frag avant de se faire tuer, et où Ombrage nous quitte. Ok.
Là on se dit qu'on a tout vu. Mais en fait non, il reste encore trop de personnages. L'un des pitbull du boss débarque, et tue la moitié des mecs restants, de manière plus ou moins "osef" ou "oups sorry lulz". Finalement, le Maitre des Portes le battra... après avoir été sortie de sa planque (bah oui, il allait pas aider les autre non plus, faut pas déconner). Et j'allais pas en parler, mais je tiens quand même à donner une médaille pour une scène juste avant où le train prends un gros virage, ce qui le mets en forme de U. Et donc, le pitbull fait ce qui est le plus normal du monde : il prends une mitrailleuse, il vise à travers la vitre, et tire sur le wagon de l'autre côté comme si c'était un fusil sniper. Plus drôle encore, le héros riposte, et il touche presque. On se croirait dans un CoD.
Là, vu qu'il n'y a plus grand monde, on remonte quasiment tout le reste d'une traite, et on arrive devant la dernière porte. Ou plutôt les dernières portes comme nous l'explique notre ouvreur de porte toxico, qui a en fait préparé une bombe pour faire péter la porte d'entrée du train & sortir. On ajoute un petit côté drama inutile avec notre héros ex-cannibale qui mangeait des bébés et tuer leur mère quand elle osait s'y opposer, en rajoutant une petite couche avec une histoire de bras à couper qu'il n'a pas eu le courage de faire, à traduire par "il va se faire couper le bras avant la fin", fin qui approche d'ailleurs.
Donc là, ça devient encore plus wtf. Le héros tape la discut' avec le boss du train, qui lui explique qu'en fait il gère tout le train comme un écosystème (et oui, comme nous le disait Ombrage), et que par conséquent, bah il faut aussi faire une petite épuration dans le train de temps en temps ! Le vieux sage passe dans le camp des méchants, le héros a été manipulé depuis le début, la vie ça pue, c'est pas de bol.
Mais il n'a pas fait ça pour rien ! C'est qu'il est blasé le chef. Donc il propose à notre héros de prendre sa place. Il hésite, ce qui peut sembler étrange, vu qu'on a un peu le droit à un discours du type :
- Tu sais, je suis seul dans ce wagon...
- Oué, mais t'as des steaks, j'suis jaloux, et tout le monde veut être à ta place !
Finalement, il commence à accepter de prendre sa place, jusqu'au moment où il voit que les gamins récupérés au début servent de "pièce" à la machine, faisant une sorte de maintenance.
Et c'est là qu'il fait un 2e gros choix, qui va à l'encontre du premier.
Finalement, le train se plante, et les seuls survivants sortent du train, livrés à eux même. Ils ont de la chance : le produit commence à ne plus faire effet, et le froid tombe petit à petit. Mais pas de bol, c'est des gamins. C'est cool de s'être sacrifiés pour les protéger, mais soyons honnête : leur chance de survie ne doit pas dépasser... zéro. Too bad.
Bon alors du coup, qu'est ce qu'on peut penser du message de ce film ? Et d'ailleurs c'est quoi le message ?
Difficile à dire. J'en ai plusieurs en tête, en vrac :
- En temps de crise, il faut travailler main dans la main pour s'en sortir plutôt que de sa taper dessus pour en avoir plus que son voisin (et au final tout perdre)
- L'éthique c'est plus important que la survie de l'humanité (bah oui, faire sauter le train et condamner tout le monde pcq on utilise un gamin pour la maintenance...)
- On peut survivre en mangeant des steaks d'insectes (très important ce message, ça peut résoudre en partie la faim dans le monde après tout)
- L'Homme n'est pas maitre de la planète, et d'ailleurs elle est vachement plus jolie sans lui (il est mignon cet ours blanc à la fin)
- Le héros est un enfoi... oh wait, c'est pas un message ça.
Bref, je ne sais pas quoi tirer comme enseignement de ce film. Peut être qu'en fait il faut le regarder au second degré. Dans tous les cas, rien n'est bien clair, et on peut un peu tirer les conclusions que l'on veut de la fin, de "les riches sont pourris" à "les pauvres sont irresponsables" en passant par "les humains sont tous des pourris".
Pour la note, je mets 6, histoire de rester dans la moyenne pcq il était quand même sympa, et que la musique et la mise en scène sont pas dégueux (bah oui, c'est un film, ça reste un point important quand même). Avec un peu moins de WTF et un peu plus de clarté dans ce qu'il veut démontrer, le film aurait cependant plus monter bien plus haut, dommage !