Snowpiercer - Le Transperceneige par mr. edward
Pour tout vous avouer, c'est la première fois que je bloque autant devant une critique, d'où mon grand retard quand à sa publication. Non pas que je n'avais rien à dire sur le film, au contraire, simplement je ne savais pas comment aborder le sujet. Ecrire une critique à chaud n'est pas un exercice auquel je suis à l'aise. J'aime prendre mon temps, ainsi que le recul nécessaire, lors de l'élaboration d'une critique détaillée pour le blog, afin de publier un article convenable. Malheureusement, cela peut prendre plusieurs semaines. Dans le cas de Snowpiercer, je n'arrivais pas à structurer ma critique et faire que celle-ci ne soit pas brouillonne. A l'heure où j'écris ces mots, je n'ai toujours pas trouvé. De ce fait, je me lance, sans filet, quitte à me planter lamentablement, afin de répondre à cette simple question : Snowpiercer est-il un bon film ? La réponse est oui, et je dirais même plus, c'est un excellent film, mais loin d'être parfait.
Ce qui frappe, en premier lieu, c'est le soin apporté à la mise en scène, ainsi que l'univers mis en place par le réalisateur et l'équipe technique. Comme évoqué précédemment, le train en question a été conçu en studio, d'où la quasi-absence de fond verre. Cela permet de s'immerger plus facilement dans le film. Bien qu'il y ait un contrainte concernant l'espace où se déroule l'action, la réalisation est assez fluide et évite un côté anxiogène, ainsi qu'une redondance dans les décors présentés. Les wagons explorés sont généralement différents les uns des autres, et il y a quelques plans hors du train. Contrairement à un film comme Gravity qui "joue" avec les émotions du spectateur (exemple : lorsque Sandra Bullock est chahuté, le spectateur l'est aussi), Bong Joon Ho met une certaine distance, sans pour autant que cela soit excluant. C'est une caractéristique (de mon humble avis) du cinéma asiatique, ce côté "glacial" des sentiments/émotions dans la réalisation, ainsi que dans le traitement et l'interprétation des acteurs. Bong Joon Ho a un style très américain dans sa réalisation, qu'il marie habilement avec le style asiatique (ou l'inverse, ne connaissant pas le reste de sa filmographie).
Sa réalisation est dynamique et maîtrisé, posée quand il le faut. Elle est aussi inventive, Bong Joon Ho nous livrant de belles séquences visuelles, très intéressantes et travaillées. L'une d'entre elle peut faire penser à une scène dans Oldboy, que je ne dévoilerais pas pour garder la "surprise". Malgré tout, certains effets spéciaux ou séquence hors du train font un peu "cheap". Il privilégie le déroulement de son récit, le fait qu'il nous raconte une histoire, plutôt qu'une immersion sans réflexion. Mais immersion il y a, et le spectateur peut réellement avoir l'impression que les acteurs sont dans un train en marche. Les décors ont été monté sur cadran pour les faire bouger, une technique souvent utilisée, mais la différence étant que c'est une première pour un train faisant 120 tonnes avec 4 wagons, pouvant bouger comme un train y compris s'il faut que celui-ci soit dans un virage.
Avec Snowpiercer, Bong Joon Ho aborde des thèmes tels que le totalitarisme, la lutte des classe, la religion, l'éducation, la condition humaine, l'écologie, etc...des thèmes déjà abordés (après tout, la bande-dessiné date de 1984), mais très bien traités et bien intégrés au déroulement du récit. En parlant de celui-ci, sa construction et l'enchainement des évènements peut faire penser à un jeu vidéo. En effet, chaque wagon peut être vu comme un niveau, chacun ayant un visuel différent du précédent et/ou du suivant. De ce fait, certains pourront reprocher au film d'avoir un déroulement un peu trop linéaire. Effectivement c'est le cas, mais Bong Joon Ho arrive à incorporer des éléments qui font monter la tension. Ainsi, à chaque fois que les protagonistes empruntent un nouveau wagon, il est difficilement de déterminer s'ils font le bon choix de continuer ou non, s'ils vont atteindre la "lumière" ou s'ils creusent un peu plus leur tombe. Concernant les personnages, certains sont un peu clichés mais pourtant, bien écrits et bien interprétés. Ce côté "cliché" des protagonistes se légitime avec le déroulement du récit. Pour ce qui est de sa construction et son déroulement, il est classique mais Bong Joon Ho le fait de manière intelligente, donnant de la profondeur au récit, distillant des détails intéressants. Celui-ci est assez manichéen mais la raison (que je ne peux pas vous donner sous peine de vous spoiler certains éléments du récit) est expliquée. Bien qu'il y ait quelques facilités scénaristiques, contrebalancés par des choix audacieux, quelques passages un peu trop long, le scénario est très bien écrit et loin d'être con.
Concernant le casting, Chris Evans a déjà prouvé par le passé que c'était un excellent acteur (Sunshine, London, Scott Pilgrim, The Iceman) et le prouve une fois de plus. Bien qu'au premier abord, son personnage semble classique et cliché, il se révèle plus complexe qu'il n'y paraît. Comment ne pas salué la performance de Tilda Swinton, méconnaissable et époustouflante dans un rôle plus qu'irritant. Le reste du casting offre aussi de belle interprétation : Octavia Spencer, Jamie Bell, Song Kang-Ho, John Hurt, Ed Harris, Ko Ah-sung, Alison Pill, Luke Pasqualino, Ewen Bremmer, etc...
Un petit mot concernant la bande-son, composé par Marco Beltrami (Demineurs, World War Z, 3h10 pour Yuma) qui est très belle.
Pour conclure,
Avec Snowpiercer, Bong Joon Ho nous livre un sublime huit-clos post-apocalyptique très sombre et d'une noirceur inquiétante. La mise en scène est inventive et maîtrisée. Le film ne souffre d'aucunes longueurs et le scénario est très bien écrit. Les acteurs/actrices livrent d'excellentes interprétations. Après s'être essayé au polar avec Memories of Murder, aux monstres avec The Host, ainsi qu'au drame avec Mother, c'est un autre succès pour le réalisateur.