Inoubliable.

Je pense que So Long, My Son sera le film de l'année.
C'est en tout cas un des films de la décennie.
Ça fait pompeux dit comme ça, mais c'est un fait : ce film m'a profondement marqué et bouleversé .
Je suis ressorti de la salle les jambes sciées, complètement transporté et subjugué pendant plus de 3 heures d'une séance inoubliable.
Cela faisait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé.
C'est le troisième film de Xiaoshuai Wang que je vois au cinéma, après Beijing Bicycle en 2001 et Une famille chinoise en 2008. Les deux m'avaient plu (surtout le second).
Pour cette troisième expérience avec le cinéma de cet honorable monsieur, c'est le coup de foudre !!! Quel dommage que je n'aie pas vu ses autres films si ceux-ci sont du même acabit !!!
Je suis allé voir So Long, My Son à l'aveugle. Je ne savais rien de l'histoire, et je n'avais pas regardé au préalable qui l'a réalisé et quels étaient les acteurs.
Pendant la séance, j'ai pensé à Une famille chinoise qui abordait lui aussi le thème de la politique de l'enfant unique adoptée en Chine de 1979 à 2015.
C'est pourquoi je ne fus pas surpris de retrouver le même Xiaoshuai Wang derrière la caméra de ces deux films.
Donc ne sachant pas l'histoire, j'etais assez désarçonné devant la manière dont se construit la narration.
Par contre, j'etais déjà conquis par la réalisation dès les premières scènes, celles de la découverte de l'enfant et sa conduite à l'hôpital. Je me suis dit: "Ouaaah, alors là, ça commence fort ! Pourvu que ça dure !"
Niveau réalisation, émotion, et constat politique, ça démarrait bien. J'ai apprécié l'ironie du "silence" inscrit en gros dans le couloir de l'hôpital, alors que la famille du pauvre XingXing braille à gorge déployée. "Souffrez en silence" est en gros le message de l'état Chinois.
Message que l'on retrouve régulièrement tout au long du film, que ça soit pour un avortement (rendant stérile la mère qui le subit), la perte d'un être cher, la perte d'un emploi et de toute dignité... Bref, ça en dit long.
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, car j'en serais bien incapable. Toujours est-il que Xiaoshuai Wang apporte un regard acerbe sur son pays et la politique adoptée avec cette fresque familiale étendue sur 40 ans.
So Long, My son pourrait figurer dans la définition du terme bouleversant et mélodrame (dans le bon sens du terme, car parfois mélo est assez péjoratif).
La dernière demi-heure est à tel point que j'en ai versé ma p'tite larme. C'est seulement la 3ème fois que cela m'arrive au cinéma.

Les moments forts en émotion sont plutôt nombreux.

So Long, My Son est pour moi un coup de maître.
Une fresque familiale éblouissante, construite de manière volontairement décousue, réservant ainsi des surprises sur les évènements poignants qui s'y déroulent.
Un magnifique et étincelant film sur la famille, le deuil, et la culpabilité, sur fond de politique sociale chinoise ayant marqué ces 40 dernières années.
Certaines images (le cimetière du pauvre constrastant avec celui des riches) et certaines scènes resteront durablement gravées dans ma mémoire.
J'insiste sur la performance eblouissante de notre couple d'acteurs, Mei Yong et Jingchun Wang, contribuant largement à la réussite de l'ensemble.
Comme souvent, la musique occupe une part importante. La composition de Dong Yingda est extraordinaire, et accompagne brillamment le film.
La perfection n'existe pas, certes, mais je trouve stupide de s'appuyer là-dessus (comme je l'ai déjà lu sur ce site) pour ne pas mettre 10 à des oeuvres qui pourtant le méritent. C'est pourquoi j'ai mis cette note maximale, car elle reflète l'état dans lequel j'étais à la sortie de la salle, ému et bouleversé, voulant hurler à ceux qui faisaient la queue pour Le Roi Lion d'aller plutôt voir So Long, My Son.
Ce film m'a pris aux tripes, et cela faisait trop longtemps que ça ne m'était pas arrivé.