Forza Beretta

Si le genre du poliziottesco a été souvent influencé par le succès outre-Atlantique de "Dirty Harry", il est ironique de constater que "La polizia ringrazia" propose un scénario très similaire à "Magnum Force", qui sortira un an plus tard. Une fois n'est pas coutume, les Américains auraient-ils pompé les Italiens ?

On suit les pérégrinations du commissaire Bertone. Qui tente d'endiguer le crime à Rome, malgré une justice laxiste et défaillante, et des médias hostiles à la police. Non, on n'a pas ici affaire à un polar fasciste, c'est même le contraire. Puisque notre héros va combattre une mystérieuse faction, qui se fait justice en exécutant les malfrats qui défient le système.

Pour un poliziottesco, l'action demeure limitée. Il y a certes quelques fusillades, des braquages expéditifs, et des poursuites sympathiques. Mais cela reste finalement secondaire.

Stefano Vanzina privilégie l'ambiance sombre, et surtout la portée politique de son film. Le réalisateur dresse un portrait peu reluisant de la criminalité romaine, entre crapules et prostitution. Et il pointe du doigt les relations défaillantes entre la police et les médias. La police contenant son lot de tordus ou d'incompétents, les médias la tenant responsable de tout.

Des idées assez intéressantes, qui pour la plupart n'ont pas vieilli. Emballée dans ce polar pessimiste, jusqu'à son final amer. Je souligne aussi le rôle d'Enrico Maria Salerno, qui donne une certaine prestance à ce flic intègre mais rongé par les défaillances du système.