Je partage ici une réflexion sur l'omniprésence d'une photographie dans le film.
Devenu cosmonaute, Kris Kelvin emporte dans un voyage sans retour une unique et anecdotique photographie prise par son père. Cette photo réapparaît à plusieurs reprises dans le film a aussi plusieurs significations, notamment celui de fournir un refuge intime tandis qu'il dérive à tout point de vue ; ça lui sert de point d’ancrage pour sa mémoire et, plus globalement, pour le maintien de son unicité d’esprit-corps.
C’est une photographie où, enfant, il domestiquait un feu au milieu de la neige ; il emporte ainsi l’instant capté où son père l’a laissé seul avec un feu et dont il avait la charge. Transmission, autonomie, mémoire, volonté naissante dans l’adversité, ce feu affirmatif nous incite à songer, à allonger indéfiniment l'instant précieux de cette vitalité fragile, fugace et instable. Peu importe ce qu’on y brûle, le père soutient le foyer par l'enfant, qu’il laisse et qui le dépasse.
Enfin, cette photo soumet ponctuellement une question : et toi, quel est ton feu ? Si tu n’en as pas, crains de ne pas en avoir.
Il va sans dire que si un film vous soumet cette qualité de réflexion-contemplation, il vaut toute l'attention du monde.
NB : lisez Psychanalyse du feu de Gaston Bachelard.