Les films du réalisateur russe Andreï Tarkovski ressemblent plus à des environnements qu'à des divertissements. Ils sont trop longs. Mais rester bloqué là-dessus serait passer à côté de l'essentiel. En effet, il utilise la longueur et la profondeur pour nous ralentir, pour nous sortir de la cadence de nos vies, pour nous faire entrer dans une zone de rêverie et de méditation.
Ses films sont des méditations sans concession sur la nature humaine et le but de l'existence, et ils ont une profonde dimension spirituelle sous-jacente (suffisamment pour lui attirer des ennuis avec les autorités soviétiques de l'époque, qui coupèrent, critiquèrent et imposèrent un embargo à ses films, le poussant finalement à l'exil).
son film « Solaris » de 1972 n'échappe pas à la règle. C’est long, c'est lent et il y a peu de dialogues. Mais ensuite, la forme générale du film apparait comme par enchantement.
Les images sont d’une beauté surprenante.
Solaris est un peu la réponse de Tarkovski au 2001 de Kubrick. Les deux films mettent en scène des voyages spatiaux humains et des rencontres avec une intelligence extraterrestre transformatrice, qui crée des lieux (« 2001 ») ou des personnes (« Solaris ») à partir d'indices apparemment obtenus en lisant les pensées. Mais le film de Kubrick est tourné vers l'extérieur, traçant la prochaine étape de l'homme dans l'univers, tandis que celui de Tarkovski est tourné vers l'intérieur, s'interrogeant sur la nature et la réalité de la personnalité humaine.
Dés lors le film Solaris de Tarkovski me semble plus profond et intéressant que 2001 superficiel et vide de sens.
Quand nous aimons quelqu’un, qui aimons-nous, la personne en tant que telle, ou l’idée que nous nous faisons de cette personne ? Quelques années avant que la réalité virtuelle ne devienne un mot à la mode, Tarkovski explorait déjà ses implications. Bien que d’autres personnes existent sans aucun doute dans un espace physique indépendant, toute notre relation avec elles existe dans notre esprit. Lorsque nous les touchons, ce n’est pas le contact que nous ressentons, mais la conscience que nous avons de ce contact.
D'ailleurs il y un vrai climax car la dernière séquence du film nous invite à reconsidérer la séquence d’ouverture.
Ce film est philosophique et humaniste. Tarkovski n'utilise la sciences fiction que pour étayer son propos et non l'inverse.