Solaris par Voracinéphile
Solaris est un film de science fiction chiant. Clair et net. Pour la courte durée de 1h30, le film paraît en durer 3, comme si le réalisateur dilatait le temps et voulait s’attarder au maximum auprès de la planète Solaris. Il jette très vite les bases de son héros, le mandate via un énigmatique message et des gardes armés chargés de l’escorter, et moins de 10 minutes après le début du film, nous sommes déjà devant l’impressionnante séquence d’accostage de la navette sur la station spatiale, parés pour commencer l’aventure. Une aventure somme toute humaine, qui s’éloigne radicalement des spectacles pop corn à la Event Horizon et autres Supernova mal famé pour donner dans l’effusion sentimentale pure. La planète Solaris provoque une incroyable mélancolie, car il semble qu’elle ramène à la vie les êtres que l’on a aimé et qui ont péris. Ainsi, chaque astronaute a développé une façon de réagir en face des retrouvailles avec ces morts ressuscités à l’identique, mais qui semble façonnés uniquement à partir des souvenirs des astronautes (pour être plus clairs, ce n’est pas leur personnalité reproduite à l’identique, mais la personnalité tel que l’astronaute la comprenait). Solaris, c’est en quelque sorte Sphere à échelle réduite, débarrassé de l’horreur pour n’en garder que le potentiel émotif. Les maux dont traite Solaris sont complètement affectifs, et passent surtout par l’intermédiaire de flash back (apparaissant au fur et à mesure que les proches recréés vivent, des souvenirs affluent). Un bon bain de psychologie dont, puisqu’il s’agit de SF minimaliste où les astronautes voient un proche qu’ils ont aimé revenir, mais dont le comportement et les actions changent peu à peu au fur et à mesure que la situation évolue (ils n’ont pas conscience qu’ils ont été morts, ne savent pas comment ils ont été recréés, ils apparaissent simplement avec le lien affectif qui les retenait avec l’être cher). Dans un tel climat, on comprend pourquoi le film est chiant, vu qu’il s’agit de personnages qui n’arrêtent pas de parler, et dont les enjeux sont purement relationnels et affectifs. Pas de monde à sauver, pas de menace sourde (du moins, pas tant que les émotions sont contrôlées), simplement un phénomène fantastique qui ébranle à la fois les recréés et les astronautes. Un autre bon point : le visuel. Solaris est peut être un des plus beaux films de Soderberg, doté d’une photographie magnifique et d’une esthétique futuriste minimaliste vraiment séduisante (sur grand écran, même si on s’ennuie, c’est un bonheur de tous les instants). Le budget a été très correctement utilisé (les séquences spatiales sont léchées, les décors de station tout à fait opérationnels), et en tant que film de SF, Solaris se place à l’égale des grands dans le visuel. Hélas, le rythme complètement plat et la présence de certaines séquences purement esthétiques ralentissant encore davantage le débit rendent Solaris pesant à regarder, avec une grande envie de conclusion au cours de la dernière demi heure. Triste de voir un potentiel pareil réduit par un rythme aussi mou, mais c’est un parti pris, visant à communiquer au spectateur la langueur éprouvée par ces explorateurs de l’espace oscillant entre nostalgie et dépression. Un petit essai intéressant donc, volontiers emmerdant, mais d’une sacré beauté, sur tous ses aspects…