Soleil rouge par pierrick_D_

Arizona,1870.Link et sa bande de hors-la-loi attaquent un train et détroussent les voyageurs mais ça tourne mal quand Gotch,son élégant et cruel second,le trahit en emportant le butin et en le laissant pour mort.Mais le truand survit et part à la poursuite de son ex complice en compagnie de Kuroda,un samouraï en tenue traditionnelle,car l'ambassadeur du Japon était dans le train et veut récupérer le sabre d'or qu'il devait offrir au président américain.Ce film s'inscrit dans la lignée du western spaghetti très en vogue alors et ressemble beaucoup au "Shalako" d'Edward Dmytryk sorti trois ans plus tôt.Coprod internationale,ici franco-italo-espagnole,réalisateur anglo-saxon connu,là c'est l'anglais Terence Young,qui a shooté les premiers "James Bond",mêmes lieux de tournage,les environs d'Almeria en Espagne,on reconnait d'ailleurs un décor de propriété en ruines ayant servi aux deux films,assemblée cosmopolite de stars et scénario opposant deux groupes,celui des héros et celui des traîtres,dont la lutte est arbitrée par l'irruption d'une bande d'indiens.On peut remarquer aussi la présence de Toshirô Mifune,acteur fétiche de Kurosawa qui était dans le "Yojimbo" du cinéaste japonais,oeuvre ayant inspiré Sergio Leone pour "Pour une poignée de dollars",acte fondateur du spag.Et bien sûr Bronson est dans "Il était une fois dans l'Ouest" tandis que Delon et Merenda ont beaucoup travaillé en Italie,Delon y tournant même un "Zorro".La partie française de la production est assurée par Robert Dorfmann pour les Films Corona,firme très active à l'époque,alors que des épées ont été engagées à la photo,le légendaire Henri Alekan,et à la musique avec Maurice Jarre en personne qui signe une très belle partition parfaitement en phase avec les images.Après tout n'est pas parfait dans cette histoire,les tribulations de Link et Kuroda sont souvent un peu longuettes,le script semblant parfois en panne de matière,et certains comportements sont incohérents,comme celui de Gotch qui,après le hold-up durant lequel il a flingué plein de mecs par pur plaisir,épargne un Kuroda désarmé qui vient l'avertir qu'il le retrouvera pour le tuer.Certes on voit mal Delon flinguer un "samouraï",Melville aurait désapprouvé,mais quand même.Ceci dit ça se voit avec plaisir,il y a beaucoup de rebondissements originaux et le duo Link-Kuroda est savoureux.Les mecs paraissent antinomiques,un voyou sans foi ni loi et un psychorigide pétri de traditions,de sens de l'honneur et de règles,mais après une acclimatation difficile leur association va fonctionner car au fond ils sont pareils,des survivants d'un monde en passe de disparaître.Le système féodal s'efface dans un Japon sur la voie de la modernisation,tout comme les outlaws parcourant l'Ouest tirent leurs dernières cartouches à l'heure du chemin de fer faisant pousser partout des villes contrôlées par un gouvernement de plus en plus sécuritaire.Les bagarres et les fusillades sont bien filmées,la bonne humeur allège l'ambiance sans que ça tourne à la farce et un délicieux parfum suranné de machisme imprègne l'ambiance à travers le traitement infligé à la superbe prostituée Christina.Toutes les femmes dans ce film sont des putes et on n'hésite pas à les maltraiter joyeusement pour les contraindre à obéir.La fille frôle même le viol collectif quand les comanches la capturent,scène très proche de celle avec Honor Blackman dans "Shalako".Le final avec la bataille dans les herbes hautes est également très réussi et la fin évite adroitement le happy-end.Les comédiens sont plutôt inspirés sur ce coup,notamment Charles Bronson en crapule décontractée mais tenace,Toshirô Mifune en guerrier asiatique marmoréen,Alain Delon,magnifique en dandy sadique et totalement amoral,beau comme un dieu et tout de noir vêtu,ou une Ursula Andress sublime dont la beauté illumine l'écran.Capucine,française qui a travaillé à Hollywood,a de beaux restes en mère maquerelle bien chaude et Luc Merenda joue un des bandits.En revanche les figurants qui font les peaux-rouges sont ridicules et ressemblent à tout sauf à des comanches.