Dans un monde futur, en proie à la surpopulation, un policier enquête sur le meurtre d'un ex-dirigeant de la multinationale alimentaire chargée de nourrir la moitié de l'humanité, avec son produit phare "Soleil Vert".
Le film commence par un diaporama qui illustre l'histoire de l'expansion de l'humanité allant de paire avec une industrialisation galopante, laquelle finira par épuiser les ressources de la terre. Toutes les préoccupations de 2022, année de l'action du film, ont réellement été anticipées en 1972.
De ce monde futuriste, la technologie est la grande absente, à peine dévoilée par un jeu vidéo au début de l'histoire. Car elle est devenue inopérante au quotidien, les appareils ne fonctionnant plus. Un parti pris qui pend le contre-pied des spaces opera futuristes aux ressources infinies. Cette absence de la technologie souligne en creux que les machines dépendent aussi des ressources. Le film met alors en exergue la nourriture, la nature, les paysages, l'espace comme luxe suprême. La couleur est utilisée pour évoquer le monde d'avant, avec ses paysages, par contraste avec le monde de 2022, où domine le jaune et le brun, d'un monde urbain sans horizon.
Cette disparition des éléments essentiels à la vie s'accompagne d'une déshumanisation des individus, illustrée par les pelleteuses qui ramassent les manifestants lors des émeutes, la femme ravalée au rang de mobilier d'appartement, les pauvres qui s'entassent dans les cages d'escaliers, les inégalités qui se creusent.
La tragédie écologique s'accompagne d'une tragédie sociale. Les institutions de l'État ont disparu et sont remplacées par une multinationale, qui prend en charge la nourriture de l'humanité. Un aspect désespérant est le manque de solidarité des pauvres, des laissés pour compte, qu'on nourrit comme du bétail. La rareté des ressources entraîne l'égoïsme de protagonistes mieux lotis comme le policier. On devine une corruption et un chômage de masse généralisé. Seule subsiste la charité de l'Église.
A la fin du film le héros, sur sa civière, interpelle d'un geste les réfugiés de l'Église, comme un dernier avertissement adressé aux spectateurs de 2022.