Depuis la courte séquence d'introduction en noir et blanc qui tombe sans mot dire et sans qu'on y prenne garde, on peut repenser tout le film sous un angle plus grave que ce que les scènes d'actions nous ont imprimées dans la tête. Basé sur des problématiques actuelles telles que l'écologie, l'hypersécuritarisme et surtout l'industrialisation, la dystopie de Soleil Vert est belle à voir avec un point de vue qui ne porte pas de jugement fâcheux sur les moyens techniques de l'époque. Des décors aux costumes en passant par l'interprétation, tout peut pâtir de la poussière qui s'est amoncelée sur le rebord du veston de notre héros au corps musculeux ricain en diable, et à l'instinct misogyne tout british, l'agent 007 venant au rapport. Tripotée et filmée comme un objet, à tous les degrés possibles, la femme, fidèle à l'époque dont elle est contemporaine, est rabaissée, méprisée, bafouée dans sa condition, reléguée au rang d'objet, bref, destituée de ses droits civiques durement gagnés au cours de l'Histoire, la nôtre.
Parce qu'il a en son temps voulu jouer la carte du réalisme, Soleil Vert a peut-être, d'une certaine mesure, plus mal vieilli qu'un THX 1138 qui visait davantage la représentation fictive et métaphorique que la crédibilité mimétique. Si ce n'est pas un monde parallèle, c'est le monde tel qu'on le connaît, et tels que ces bonshommes, pour certains, dont le meilleur ami de Charlton Heston, l'ont connu. En résulte un univers inégalitaire où la précarité du monde des pauvres côtoie l'opulence de celui des riches. Bien en amont, le thème écologique prime sur le reste et témoigne de l'inquiétude, déjà à l'époque, de subir un avenir proche dénaturé. En ce sens, le film tient l'apparence d'un vieux croulant, mais garde en réalité une fraîcheur d'esprit inaltérable.