Tout le monde s'est entendu raconter la fin géniale de Soleil Vert pendant son enfance. Personne n'a jamais eu la chance de découvrir le pot aux roses au visionnage. Il est scientifiquement établi que personne ne pourra jamais en profiter ni savoir ce que vaut ce film, le plus spolié du monde. Tant pis.
La raison pour laquelle c'est dommage est celle qui explique le phénomène : l'intrigue se réduit en fait à dévoiler sa "fin" qui est son seul principe, sa seule fin.
À quel point est-ce grave ?
Sans doute pas autant que d'arrêter une critique à cette petite saillie expéditive et injuste. Parce que bien sûr, y'a pas que la fin dans un film, y'a aussi le début. L'exposition anticipatoire, qu'il est particulièrement plaisant en 2022 de comparer à la réalité. Enfin plaisant... Heureusement qu'il y a des problèmes de forme, des tropes datés 70s, des ratés kitschouilles, Charlton Eston qui cabotine de la mâchoire, des décors de studio voyants et quelques dialogues lourdement explicatifs... Ça fait rigoler un peu. Ça adoucit le goût amer qui remonte du fond... indéniablement visionnaire et flippant.
Mais je ne vous apprends rien. Plus encore que la fin, cette intro est la plus méga spoilée de tous les temps. De larges pans nous en sont racontés en détail, quotidiennement, par l'actualité. Le scénario original est parfois un peu rapide, un peu superficiel, mais il a depuis été étoffé sur des milliers de pages dans les rapports du GIEC. YouTube regorge de conférences sur l'état de notre présent, si tellement trop proche du futur imaginé par Harry Harrisson en 63.
Et comme dans le film, globalement, à grande échelle, tout le monde s'en fout.
Car Soylent Green n'est pas juste un de ces film qui nous font quand même vachement réfléchir sur nous-mêmes quand t'y penses sé vraies, il détient un autre record absolu : c'est officiellement la fiction qui incarne le mieux notre mauvaise conscience collective. On sait très bien ce qu'il y a là-dedans, on sait très bien qu'on en veut pas, on l'a appris depuis tout petits et revu 10 fois depuis pour se faire peur, mais pourtant on applique exactement point par point son programme.
Bon allez, moi je vais voir Mad Max.