St Georges dans le Bush australien
Voilà un petit film sympa, sans prétention qui arrive sans trop de mal à atteindre son objectif, un objectif mesuré dès le départ. Parce que ça c'est important, de se fixer un but et d'y arriver tout en produisant quelque chose d'équilibré. Mais il n'y a pas que ça.
De quoi ça cause?
Un type un peu perdu en Australie (mais qui a quand même un raison valable d'être là) se retrouve à faire une excursion, avec un échantillon de touristes choisis, sur une rivière bondée de crocodiles. Leur bateau est une espèce de grande barque conduite par une ravissante blondinette qui le fait vite craquer.
Bien sur ça va mal se passer, un grand, mais alors très grand crocodile de mer va leur faire plein de misères et en couper quelques-uns en deux. Mais tout ça commence comme un dépliant touristique (très bel endroit ce nord de l'Australie) et ne sombre jamais (sauf le bateau) dans des effets de mise en scène superfétatoires. Même le crocodile, qu'on ne voit pas au début puisqu'il est dans l'eau, n'a rien de Godzilla. On comprend que c'est un modèle normal qui a bien profité depuis le temps qu'il bouffe des touristes. Le type sauve la blondinette que le saurien avait emmené dans son garde manger souterrain et en prime il tue la bête avec un vieux bout de bois pointu (la lance perdue de St Georges?).
Rien de bien nouveau sous le soleil même si ça finit dans le monde chtonien. Mine de rien (ou de pas grand chose) le type qui a fait ce film nous raconte une des plus vieilles histoires du monde. Il se paie même le luxe dans une ou deux répliques de faire référence au père de la blondinette qui semble être une sorte de chef local puisqu'il peut sauver tout le monde s'il se radine (le roi?). Mais bien évidemment il ne le fera pas parce que sinon le preux chevalier ne pourra terrasser le dragon…
Voilà pourquoi ce film qui ne comporte aucun plan exceptionnel, ni même simplement beau, tout juste jolis, qui n'a aucun acteur charismatique : Michael Vartan, Radha Mitchell (vous l'avez vue dans Silent Hill) et Sam "Avatar" Worthington (je me demandais où j'avais vu cette tête : dans une autre jungle pardi!) font un peu de la roue libre, et qui ne génère aucune véritable peur, retient tout de même l'intérêt de celui qui le regarde. Il reprend un des plus vieux archétypes, une histoire qui est comme écrite dans nos gênes à laquelle on adhère automatiquement. Et ce qui est extraordinaire est que si rien ne nous y prépare on sait dès le départ qu'on va nous envoyer dans notre inconscient collectif. Le plus drole est que je ne suis pas sur que les gens qui ont fait ce film s'en soient rendus compte. J'aime quand le cinéma devient une sorte de psychanalyse inconsciente, je suis sur que le scénariste a trouvé son histoire bien "carrée", et pour cause.
Il y a longtemps un type avec lequel j'ai failli faire du cinéma m'a dit que depuis le théatre grec on n'avait inventé aucune histoire. Je m'évertue personnellement à tenter de prouver le contraire mais ce film est un exemple avéré qu'il nous est difficile de sortir des grands thèmes de l'histoire de la litterature. Et finalement je suis rassuré de penser qu'un type ait fait en 2007 un petit film de consommation courante qui nous renvoie directement à la légende de l'humanité et à son combat pour la domination de la Terre. C'est pas très écolo mais tant pis.