Je ne sais plus dire maintenant ce qui a manqué à ce portrait gris électrique d'un quartier de Baltimore à la dérive, un peu social documentaire, un peu fiction gangsta, un peu ballade folk à la Springsteen dans une Amérique précaire et désoeuvrée. Deals, drogue, violence de petits caïds, chomâge et désindustrialisation. Il me reste le visage et la dégaine jeunes du lumineux MacCaul Lombardi, ex-taulard de 24 ans qui vient finir sa peine sous bracelet électronique chez son père avec qui l'entente est plus que délicate. Une fureur de vivre qui tourne en rond et n'arrive pas à sortir des petites combines foireuses qui l'ont envoyé en prison, une fureur de vivre douloureuse, minée par son incapacité à ne pas décevoir ceux qu'ils aiment . J'ai bien aimé la narration déconstruite, flottante, par séquences juxtaposées, qui fait bien ressentir l'enlisement du héros qui ne peut pas grandir, toujours miné par la chute. Ce qui a manqué, c'est peut-être ce refus de cinéma, ce parti pris naturaliste où la vie ne se construit sur aucun schéma signifiant clair ; ce ne serait alors pas un manque, mais le soupçon mal cerné de quelque chose d'infime qui se dérobe, de beau et de violent au ventre du jeune Keith aux semelles de plomb et à la tête de linotte. A revoir sans doute. Jim Belushi est très bien.