Fini le temps où un personnage aussi emblématique qu'Han Solo, pouvait se la jouer en "solo". Fini le temps des longs débats sur comment Han Solo a-t-il pu parcourir la course de Kessel en moins de 12 parsecs ou comment a-t-il obtenu le Faucon Millenium ? La dure vérité, c'est que tous les fan de Star Wars, y compris les fan plus occasionnels, savaient déjà que tous ces jalons de l’histoire se sont déjà produits ou vont produire. Ici, la question n'est pas "quoi ?", mais "comment ?".
Pendant longtemps, ou tout du moins ça se vérifie pour la trilogie originale, la magie Star Wars c'était de ne pas savoir à quoi s’attendre. Avec Solo - A Star Wars Story, cette magie a disparu. Vous saviez déjà tout ou presque tout sur Han Solo, à certains détail prés qui n'ont pas grande importance (comme l'origine du nom Solo). Les enjeux sont très limités ici, puisqu'Han Solo et Chewie ne risquent rien, sachant très bien qu'on les retrouvera en pleine forme dans Un Nouvel Espoir. Vous saviez déjà qu'Han Solo était un hors-la-loi qui allait devenir un rebelle puis être le contrebandier emblématique et au grand cœur, que nous connaissons et aimons tous. Vous saviez qu'il gagnerait le Faucon Millenium de Lando au jeu d'argent et vous saviez qu'il finirait en couple avec Leia. Il n’y a pas de mystère ici, tout le monde connaît la réponse à toutes les questions sur "qui a fait quoi et pourquoi ?" ... non, le seul mystère c'est "comment ?", mais est-ce suffisant pour en faire un film ?
Alden Ehrenreich a été révélé par les frères Coen dans Ave César, où il devait interpréter un mauvais acteur, dans ce qui devait être un grand film. Il est plutôt bon ici, mais il n'arrive pas un seul instant à nous faire oublier Harison Ford. Si on doit le juger seulement sur cet aspect, c'est à dite nous faire oublier l'interprète original, c'est un échec complet (on en est même loin). Et essayer de voir le film sans avoir l'image d'Harison Ford en tête, ce n’est pas possible non plus, car on vous rappelle sans arrêt qu’Alden est censé être Han Solo / Harison Ford jeune. Je ne compte même plus le nombre de fois, où le film nous montre le fameux double dés (le porte-bonheur de Solo) ou lorsqu'Alden nous sort le fameux sourire charmeur d'Harison Ford. Et puis la scène dans laquelle Alden parle Wookie est une catastrophe absolue, l'un des moments les plus gênants de toute la saga Star Wars.
Emilia Clarke endosse le rôle de la femme fatale, Qi’ra. C'est l'atout charme du film et l’intérêt amoureux de Han Solo. En dehors d’une scène exposition peu explicite (et donc fortement inutile), nous n'apprendrons pas grand-chose sur elle. Tout ce qui la concerne, ses motivations, son attachement à Han Solo ... tout s'avère être confus. Vous ne savez jamais où se trouve son allégeance, quelles sont ses motivations et ce qui la pousse à rester avec Han Solo ou à se mettre l'écart. Emilia Clarke n'ait vraiment pas aidée par l'écriture de son personnage, pour le moins brouillon ... et pire encore, le film s’arrête juste au moment où son personnage laisse entrevoir des choses intéressantes. Très certainement qu'une suite était envisagée, mais nous savons maintenant qu'elle ne verra jamais le jour.
Donald Glover se démarque du reste du casting dans le rôle de Lando. Le scénario lui offre quelques moments pour briller et il les exploite plutôt bien. Par contre, le personnage de Beckett (Woody Harrelson) tombe étrangement à plat, un peu à l'image de Qi’ra d'ailleurs. Beckett semble n’être qu’un personnage prétexte pour faire avancer l'histoire. Han Solo va le suivre partout où il va, pour finalement se retrouver sur la banquette arrière à la fin. Woody Harrison n'y ait pour rien, c'est juste qu'il n'a pas grand chose à jouer (encore un problème d'écriture de personnages). Ensuite, mis à part un droïde assez amusant et quelques moments émouvants, les deux personnages secondaires qui sont censés être les plus impactant pour la destinée de Han Solo (Beckett et Qi’ra), sont fades et assez inintéressants.
On ne perçoit pas de structure solide dans le scénario, il manque un fil directeur. Le film se contente de ressembler, un peu comme dans un film à sketchs ou un best-of, tous les plus grands succès d'Han Solo. Alors certes, c'est difficile de raconter une histoire sur des personnes et/ou des événements qu'on connait déjà, mais ce n'est pas impossible. Rogue One nous l'a prouvé deux ans plus tôt et ceci de façon assez magistrale. Casino Royale plus encore, nous a prouvé qu'il était possible de nous raconter comment Bond est devenu Bond. Quand le film commence, il n’est pas encore le James Bond que nous connaissons, mais à la fin du film il ne fait aucun doute que c'est bien James Bond, l'agent 007.
En fait, Han Solo est un film fan-service. Alors je n'ai rien contre le fan-service, quand c'est bien fait ... mais là, c'est du mauvais fan-service. Le problème c'est qu'il n'y a aucun contexte, aucune mise en situation dans Solo - A Star Wars Story. Nous ne voyons jamais réellement comment Solo devient Solo. Han Solo est fondamentalement le même personnage du début à la fin du film, on ne le voit jamais évoluer. Pour reprendre la comparaison avec James Bond et Casino Royale, on voit comment sa relation avec Vesper l'a changé pour toujours, donnant un contexte émotionnel et narratif fort au film ... tout ce que Solo - A "Who Gives A Shit" Story n'a pas !