Ingmar Bergman livre une nouvelle leçon de cinéma à travers ce drame familial d'une cruauté rare. En effet, il n'a nullement besoin de céder à la tentation des hurlements sans fins, des insultes, de l'hystérie pour donner de l'intensité à ce "Sonate d'Automne".
Cela faisait sept années que Charlotte (Ingrid Bergman) et Eva (Liv Ullmann), sa fille, ne s'étaient pas vues. Les deux femmes, qui ont des réticences à se revoir, vont prendre sur elles et faire des efforts pour que cela se passe bien. Mais après tant d'années, les non-dits et les traumatismes de l'enfance refont surface. Et lors d'une brillante scène nocturne, la dramaturgie atteint son apogée. En effet, Bergman nous livre une scène hallucinante où la méchanceté, l'amour, la tristesse, la déception, la haine, la vérité, le refoulement... se croisent et s'entrechoquent.
Et c'est à ce moment précis où Bergman nous offre sa leçon de cinéma : pas de pathos, une émotion retenue et une véritable sincérité se dégage de cet échange entre Charlotte et Eva. Bergman est de ceux qui croient en la nécessité du cinéma à rechercher la vérité (la sincérité) et il est aussi l'un de ceux à s'en être le plus approché.
Sa réalisation est excellente et elle permet de magnifier ce duel entre une mère et sa fille. En effet, elle reste sobre, ce qui permet aux deux actrices de nous livrer une interprétation magnifique et touchante.
Bergman nous offre un film profondément humain, bouleversant, cruel et intense. Il aurait même pu se passer des quelques flashbacks qui n'apportent pas grand chose à cet excellent drame familial.