A scene at the sea
« Quoi, tu veux pas payer ? Quoi, vous en voulez pas de mon film ? Ça marche pas ? Ça se vend pas ? J’fais du non-jeu moi ? バカやろう !* Vous croyez que je vais faire le clown et balancer des blagues...
le 5 févr. 2014
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Quatrième film après Violent Cop, Jugatsu, et A scene at the Sea de celui que nous connaissons sous le nom de Takeshi Kitano, mais que le japon connaît surtout sous le nom de Beat Takeshi, son alter ego comique volontiers vulgaire et barré ainsi que présentateur de télé.
Le décalage entre la personnalité comique, outrancière et extravertie, de Beat Takeshi et le coté mutique, poétique et introverti des films de Takeshi Kitano crée un écart entre les deux personnalités difficile à concilier, ce qui explique peut-être l'accueil un peu froid réservé à ses premiers films par le public nippon.
Kitano poursuit sa collaboration avec Joe Hisaishi entamée l'année précédente avec A Scene at the Sea et qui se poursuivra jusqu'à Dolls. La musique de Hisaishi souligne à merveille à travers sa simplicité et sa mélancolie les thèmes véhiculés par le film ainsi même que son titre, une sonatine étant une mélodie simple.
Sonatine, commence comme une histoire de yakuza ordinaire tirant une partie de son inspiration et faisant des clins d'oeil régulier à Guerre de gang à Okinawa de Kinji Fukasaku (responsable par son désistement à la dernière minute de la première expérience en tant que réalisateur de Kitano sur Violent Cop), mais le film de Kitano va rapidement prendre son indépendance au niveau du ton très particuliers de son film.
Sonatine est une affaire de contrastes permanents jusque dans sa mise en scène; de motifs qui s'entremêlent et se fondent dans une danse à la fois joyeuse et macabre.
La noirceur et la saleté des villes est opposées aux plages lumineuses et immaculées; la violence sèche, immédiate et mortelle filmée de manière sur-découpée ou en hors champ est opposé aux jeux de plages et aux longs plans contemplatifs qui s'attardent sur chaque détails insignifiants; la vie et la mort bien qu'opposée se tournent autour en permanence.
Sur la plage, les instruments de mort sont détournés et utilisés pour tirer sur des frisbis ou pour jouer à un jeu mêlant pierre, papier, ciseau et roulette russe; les pièges dans lesquels on tombe sont fait pour déclencher le rire, les feux d'artifices peuvent servir à se faire une guerre.
Sur la plage, les dangereux yakuzas redeviennent des gosses et nous avec eux.
Pourtant, la ville peut parfois faire son apparition sur la plage, et le danger, comme la mort, faire irruption sans prévenir au milieu des jeux de la vie. Les jeux de l'enfance s'achèvent abruptement pour être remplacés par les jeux mortels des adultes.
Dans Sonatine, Kitano nous entraîne dans ce balais incessant entre l'instinct de vie et l'instinct de mort, entre l'enfance et l'âge adulte, entre l'insouciance et le devoir, entre l'amour naissant et la vengeance implacable, entre la pleine lumière se reflétant sur le sable et les éclats de lumière d'une mitrailleuse qui percent les ténèbres et les chairs, entre humour et désespoir, pour mieux nous faire accepter l'idée que la mort est inévitable et qu'il vaut mieux l'attendre en s'amusant sur une plage baignée de soleil.
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Créée
le 21 juin 2021
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