Sons of Philadelphia évite de peu d'être envoyé dans les cordes par son scénario qui sème les intrigues tout au long du film, pour n'en suivre (et encore moins aboutir) aucune, ce qui reste une frustration. Ce qui le retient, c'est l'interprétation de son casting, totalement dans la peau de leur personnage respectif et dont le duo principal (joué par Matthias Schoenaerts et Joel Kinnaman) parvient vite à une parfaite symbiose. L'un a besoin d'être exubérant et le chien-fou qui dégaine trop vite son arme (Kinnaman), l'autre ne cille pas et fait passer toute sa colère glaciale dans le regard qu'il coule lentement à ses adversaire (Schoenaerts). On ne regrette pas d'avoir succombé à ce film de Jérémie Guez (présent pour débriefer son film, les explications étant les bienvenues lorsque le film ne répond pas assez - et cela est souvent le cas...) même s'il reste ce sentiment d'inaboutissement dans les intrigues qu'il lance sur chaque personnage. La musique est soignée, le montage est bon (même si l'on a parfois du mal à suivre au début entre les enfants que l'on voit et les adultes, il n'est pas toujours facile de relier les passés de chacun aux bonnes images) et la photographie est plus qu'impeccable. Ce drame aurait pu n'être qu'un énième film de gangs irlandais et italiens qui se font la guerre outre-Atlantique, mais a l'intelligence de sortir rapidement de cette grande ligne (archi-vue) pour s'impliquer davantage dans le suivi de ses personnages, là où il excelle. Malgré les pistes narratives vite abandonnées, Sons of Philadelphia peut compter sur son duo Schoenaerts et Kinnaman pour construire une symbiose de jeu parfaite, et sur sa réalisation très soignée.
[PS : une pensée pour le technicien du son qui est décédé de la Covid juste avant la première du film, et à qui Guez tenait à rendre hommage lors de la projection.]