Jérémie Guez, natif des Sables-d'Olonne, 33 ans seulement, vit à fond son rêve américain avec un deuxième long-métrage, Sons of Philadelphia, qui restera sans doute moins confidentiel que son premier. Il coche des cases familières : film noir, de gangsters, de liens familiaux. En première ligne, deux cousins, élevés comme des frères, à la tête d'une petite entreprise mafieuse qui connait la crise. Il n'y a pas plus opposé qu'eux en matière de tempérament et le film joue évidemment de cette corde scénaristique entre le violent d'un côté et le taciturne de l'autre. Sans être totalement inédit, l'affrontement prévisible pouvait déboucher sur une œuvre toute en tensions rentrées et susceptibles d'exploser à tout moment. C'est sans aucun doute l'ambition de Sons of Philadelphia mais Guez n'a pas encore l'étoffe d'un grand réalisateur pour transcender pleinement son sujet. Le recours régulier à des flashbacks, remontant à l'enfance de l'un des protagonistes, censés éclairer son présent et ses relations avec son cousin, ne fait que couper la dynamique intrinsèque du film, déjà assez peu marquée. Le vrai déficit du film se trouve par ailleurs dans la pauvreté de ses dialogues qui tournent autour de 30 mots maximum (dont des F.ck débités ad nauseam) et l'absence quasi totale de personnages féminins. Matthias Schoenaerts est irréprochable dans un rôle de taiseux tourmenté mais ne surprend guère au contraire de Joel Kinnaman, assez subtil en pervers visqueux.