En quelques films Virgil Vernier est parvenu à s'imposer comme un formidable cinéaste de la périphérie, construisant une Oeuvre à la fois étrange et cohérente. Après l'intemporalité saisissante d'Orléans et la banlieue désaffectée de Mercuriales le réalisateur français nous promène dans les lieux anesthétiques de son superbe Sophia Antipolis, livrant un objet se réinventant d'une séquence à la suivante.
Telle est la magie salutaire de Sophia Antipolis : aucunement stylistique, le film ne cherche jamais à se rendre esthète à tout prix ; il rend visible l'invisible sans pour autant nous faire fantasmer sur les activités de ladite technopole. Privilégiant la simplicité à l'esbroufe Virgil Vernier retranscrit avec authenticité la morosité diurne et nocturne d'un paysage urbain pour le moins cinématographiquement inattendu. En véritable moraliste le réalisateur articule sa promenade autour des préoccupations de ses contemporains : intégrisme, sectarisme, communautarisme...
Sophia Antipolis s'en tient à sa topographie tout en prodiguant des vertus dramaturgiques modestes mais certaines : en ce sens les actrices et les acteurs dudit film sont remarquables, naturels sans être véristes, composés sans être étudiés. Un film contextuellement très dense, assumant sa dimension fictive avec dosage et intelligence, toujours à distance adéquate et avec une justesse pratiquement inespérée. Un film important d'un cinéaste à suivre de plus près au fil des métrages et des années futures...