Le film adapté d'une pièce célèbre de Tennessee Williams se concentre autour d'un sujet complexe et terriblement audacieux : le désir incestueux d'une mère pour son fils Sebastian mort dans des circonstances mystérieuses et tragiques en Europe.
Violet Venable, verbe haut, démarche assurée et regard hautain, se refuse, bien sûr, à croire à cet amour coupable, et se réfugie dans un désir de pureté, une sorte d'Eden que représente le jardin de son fils, véritable jungle onirique à La Nouvelle Orléans.
Katharine Hepburn incarne de manière saisissante voire effrayante cette mère à l'intelligence redoutable, totalement investie dans son adoration éperdue pour ce fils vénéré, et la jalousie morbide et viscérale qu'elle éprouve pour sa rivale, sa nièce Catherine jeune et désirable, à qui Sebastian a demandé pour la première fois de l'accompagner en Europe, délaissant ainsi une mère mortellement blessée par cet affront où elle se voit supplantée dans le coeur de son fils.
Elizabeth Taylor, Catherine, va donc servir d'appât à ce cousin inhibé, irrémédiablement attiré par les adolescents, mais qui ne peut assumer seul ce choix, et ce qu'elle a vu cet été là, menace de la rendre complètement folle.
Un duel sans merci oppose les deux comédiennes qui déploient chacune toutes les facettes de leur talent.
Belle composition aussi de Montgomery Clift dans le rôle du Dr Cukrowicz, neuro-chirurgien plein d'empathie pour la jeune femme devenue quasi hystérique, et qui va tenter de démêler l'écheveau compliqué de cette intrigue familiale et perverse.
Un film qui traite de la démence et des déviances de l'amour maternel qui peuvent conduire à la folie : une oeuvre incontournable, superbement tortueuse qui m'a durablement marquée.