Thomas Bidegain n'est pas n'importe qui au sein du cinéma français, ne serait-ce que par son apport scénaristique aux meilleurs films de Jacques Audiard, et il est légitime, après ses débuts de réalisateur avec Les Cowboys (plutôt pas mal), d'attendre beaucoup de Soudains seuls, version améliorée du mythe de Robinson Crusoé puisque mettant en jeu, cette fois-ci, un couple. Une survie en milieu hostile, avec une météo capricieuse et un environnement où il faut se résoudre à se nourrir de manchots et d'eau fraîche : le cadre est posé d'emblée, voyons voir ce qui nous attend. A vrai dire, rien de bien original ni de palpitant, sur cette île désolée où l'on est réduit à espérer que le côté inflammable des sentiments du duo isolé, puisque Vendredi ne semble pas décidé à pointer le bout de son nez, se retrouve dans des dialogues flamboyants. Malheureusement, c'est loin d'être le cas et l'affrontement fait finalement long feu puisque plus le temps passe, plus la perspective de sauver sa peau devient aléatoire. Aucune surprise n'est non plus à attendre du dénouement, qui vient d'ailleurs après de très longs passages où la crédibilité de l'aventure et des recours utilisés par les naufragés semblent à l'évidence sujette à caution. Seuls protagonistes à l'horizon, Gilles Lellouche et Mélanie Thierry s'en sortent par une certaine sobriété mais peinent vraiment à nous montrer l'attendue déréliction de leurs personnages.