Il en faut toujours un...
Je sais pas si c'est parce que je suis une foutue chochotte que j'ai été si sensible à ce documentaire diffusé sur France 2. Parce que je suis un peu une chochotte.
Ou si c'est parce que j'ai aussi été une putain de victime au collège, que j'ai mangé plus souvent qu'à mon tour et que j'ai été humilié (sans toutefois subir autant que certains), frappé, moqué, insulté.
Ou encore si c'est à cause du pathos un peu trop pompeux, avec ces plans sur cette fille magnifique dont la bouche tremble, ou sur ce père qui n'arrive pas à terminer sa phrase quand il évoque le fils qu'il avait et qui s'est suicidé, non pas parce qu'il était roux (ça aurait pu) mais parce qu'il a trop enduré de la part de ses charmants petits copains. Non, c'est pas ça qui m'a rendu sensible. Ça, c'était presque en trop. Un poil trop.
On est con quand on est au collège. Certains morflent, d'autres font morfler. Aujourd'hui je suis pote avec des types qui auraient pu être mes bourreaux à l'époque, si je les avais connus. Aujourd'hui, je pourrais tranquillement être le leur. Mais je n'ai pas assez d'énergie pour la vengeance.
10% des élèves ont été harcelés. Apparemment, ça fait un million de gamins en France. Et ceux qui sont là pour en parler le font franchement bien. Ils s'expriment bien. Ils expliquent, ils nous laissent entrevoir la peine qui a été la leur. Certains ont eu plus de chances que d'autres. Ces témoignages sont vifs, intéressants, poignants. Ils tapent. Moi, ils m'ont un peu retourné. Mais je l'ai déjà dit, c'est parce que je suis une chochotte.
Il faut en rire bien sûr, mais c'est bien aussi d'en parler un peu sérieusement.
Franchement, voyez le ce documentaire, il dure à peine plus d'une heure. Marrez-vous des vannes involontaires, mais servez-vous en aussi pour réfléchir deux secondes. En tant que parents, en tant qu'élève, qui sait, en tant que personnel encadrant. Gérer des gosses, c'est une sacrée responsabilité. Et c'est peut-être pas à la portée de tout le monde.
Ne demeure qu'une solution qui n'est pas tellement exprimée dans le film : celle de se barrer. Elle n'est pas possible pour n'importe qui mais les gens cherchent souvent des solutions dans un cercle fermé. J'ai eu la chance d'avoir à déménager. Loin. C'est plus efficace que changer d'établissement.
Pour une fois, j'ai envie de dire chapeau aux personnes qui se sont mises à nu comme elles l'ont fait. Le bègue, l'immolé, ceux qui ont tenté de mettre un terme à tout ça, ceux qui y sont parvenus, la grosse, la timide, et tous ceux qui n'ont rien de spécial ni rien de détonnant, qui sont juste normaux, mais qui n'ont pas eu de chance...